15 mois après son départ de Matignon, Edouard Philippe a lancé le 9 octobre son propre parti, baptisé Horizons, pour «participer à la constitution d'une nouvelle offre politique» et élargir vers la droite le socle de soutiens centristes à Emmanuel Macron.
«Avec Horizons, nous allons définir une stratégie pour la France, c'est une aventure collective», a lancé l'ancien Premier ministre (ex-Les Républicains) dans sa ville du Havre, expliquant que le nom avait été choisi «parce qu'il faut voir loin».
«Son positionnement, c'est devant», avec «une logique de partenariat, de rassemblement», et «la ligne est de préférer la sérénité à la fébrilité», a-t-il ajouté. Et «la deuxième ligne claire est le soutien au président de la République» pour que «les cinq années qui viennent soient des années utiles».
«Très clairement, mon objectif en 2022 est qu'Emmanuel Macron soit réélu», a-t-il lancé, alors que certains le soupçonnent de vouloir faire cavalier seul à l'heure même où la macronie essaie de construire une «maison commune».
«Si c'est une bannière, nous serons derrière», a-t-il assuré, demandant une égalité de traitement au sein de cette «maison commune» avec La République en marche et le Modem. Les patrons des trois groupes parlementaires de la majorité à l'Assemblée, Christophe Castaner (LREM), Olivier Becht (Agir) et Patrick Mignola (Modem) avaient fait le déplacement.
Participaient aussi au rendez-vous 160 maires, 600 élus locaux (dont les maires de Fontainebleau Frédéric Valletoux, et de Reims Arnaud Robinet) et une soixantaine de parlementaires, dont Marie Lebec, Pierre-Yves Bournazel, Naïma Moutchou ou Marie Guévenoux.
Augmenter les années de travail et réduire les dépenses publiques
Au cours de son discours de presque deux heures, émaillé de références à Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d'Estaing et Jean-Pierre Raffarin, Edouard Philippe a évoqué «quatre transformations extrêmement massives et signifiantes» que devra affronter le pays – démographique, environnemental, géopolitique et technologique.
Il a également appelé à «remettre de l'ordre dans nos comptes et dans nos rues», et a longuement défendu son idée de porter «probablement» à «65, 66, 67 ans» l'âge de départ à la retraite. Dans la charte de la formation politique est aussi mentionnée la volonté de créer «un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions essentielles».
Autant de clins d'œil à la droite néolibérale, que l'ex-LR est soupçonné dans son ancienne famille de vouloir siphonner à l'approche de 2022, en profitant des hésitations sur le nom du candidat ou de l'attrait que pourrait exercer Eric Zemmour sur les plus droitiers.
A son arrivée au Havre, le député Olivier Becht avait déjà assuré, en évoquant les adhérents «chez LR et à l'UDI qui partagent nos valeurs», que «si Edouard Philippe arrive à ramener ces gens dans la maison commune, c'est autant de points positifs pour élargir la majorité et faire en sorte qu'Emmanuel Macron soit réélu en 2022».
Les statuts du parti seront déposés le 11 octobre, et il sera doté d'une charte de 20 principes défendant notamment «la poursuite de la transformation du pays» ou «le projet européen». Il s'agit aussi de combattre «les extrêmes de tous bords», «l’illusion de l’argent public magique» ainsi que «les naïfs et les populistes de l’immigration».