Le Parti libéral de Justin Trudeau a remporté les législatives canadiennes à la suite des élections législatives fédérales anticipées qui se sont tenues le 20 septembre. Il s'agit toutefois d'une demi-victoire pour le Premier ministre sortant, qui n'est pas parvenu à redevenir majoritaire à l'issue d'une campagne durant laquelle il a été malmené.
D'après les résultats préliminaires publiés le 21 septembre par Elections Canada – l'organisme organisant le scrutin – le Parti libéral obtiendrait 158 sièges, c'est-à-dire moins que le seuil fatidique des 170 sièges nécessaire pour constituer une majorité. Justin Trudeau sera donc contraint de former un gouvernement minoritaire, comme en 2019. Or, c'est précisément pour sortir de cette situation qu'il avait déclenché des élections anticipées à la mi-août.
«Les Canadiens nous renvoient au pouvoir avec un mandat clair pour parvenir à sortir de cette pandémie et aller vers un avenir meilleur», s'est toutefois félicité Justin Trudeau, affirmant qu'il était «prêt» pour ce nouveau mandat et heureux que les Canadiens aient choisi un «programme progressiste».
Après des débuts plutôt favorables et des sondages encourageants, Justin Trudeau a connu une campagne particulièrement compliquée, qui a failli tourner au désaveu personnel. L'usure du pouvoir s'est fait sentir et la «Trudeaumanie» de 2015 semblait bien loin. Sur le terrain, il a dû faire face à chaque déplacement à une foule de manifestants en colère contre les mesures sanitaires. L'un d'entre eux lui avait même lancé des graviers.
Une «élection pour rien» ?
«Ce soir, les Canadiens n'ont pas donné à Monsieur Trudeau le mandat majoritaire qu'il voulait», a souligné le chef des conservateurs Erin O'Toole dans la soirée du 20 septembre, regrettant que cette élection ait encore «aggravé les divisions» présentes dans le pays. Erin O'Toole – dont le parti vient de remporter 122 sièges, soit trois de plus qu'avant la dissolution du parlement – a fait une campagne résolument au centre et promis aux Canadiens d'incarner le renouveau.
Pour gouverner à Ottawa, Justin Trudeau aura donc besoin de compos er avec les plus petits partis tels que le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche, 26 sièges) de Jagmeet Singh ou le Bloc québécois, formation indépendantiste (31 sièges). Son chef Yves-François Blanchet s'est interrogé dans la soirée : «Tout ça pour ça ? Pas de gagnant, pas de perdant, mais sûrement un jugement sévère des gens qui se diront : "Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ?"».
«Au final on peut vraiment se dire que c'est une campagne pour rien», souligne auprès de l'AFP Félix Mathieu de l'université de Winnipeg, qui note que dans beaucoup de provinces, «les sortants ont été systématiquement réélus».