France

Assassinat d'un prêtre en Vendée : le principal suspect interné en raison de troubles psychiatriques

L'homme d'origine rwandaise, principal suspect du meurtre du Père Olivier Maire en Vendée, a été interné d'office et sa garde à vue levée en raison d'«incompatibilité avec son état de santé».

Mercredi 11 août

«Avec beaucoup de douleur, j’ai appris l'homicide du Père Maire», a déclaré le pape François, durant l’audience générale ce matin. «J’offre mes condoléances à la communauté religieuse montfortaine de Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée. A sa famille et à tous les catholiques de France», a déclaré le souverain pontife.

Les obsèques du père Olivier Maire, tué à 60 ans par un Rwandais qui a avoué l'homicide, auront lieu vendredi à 14h30 en la basilique de Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), a annoncé le diocèse de Luçon.

Mardi 10 août

Le prêtre Olivier Maire est décédé des suites de «coups violents» portés à la tête, a fait savoir le parquet de La Roche-sur-Yon.

L'autopsie, effectuée le 10 août à l’institut médico-légal de Nantes, a révélé que «la victime présentait six lésions, toutes situées à la tête, occasionnées par des coups violents» mais l'examen n'a «pas permis de déterminer la nature de l’arme du crime», selon le communiqué du parquet.

Environ 70 paroissiens ont rendu hommage au père Olivier Maire lors d'une messe le 10 août au matin à Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée. «Saint Laurent était martyr, Olivier aussi. [...] Prions pour sa famille, prions pour la congrégation», a déclaré un prêtre en préambule de la cérémonie, cité par l'AFP.

Sous les voûtes de la crypte de la basilique Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, les célébrants, qui n'ont pas souhaité parler aux nombreux journalistes présents, ont loué la personnalité de la victime de 60 ans, qui avait accueilli son meurtrier présumé au sein de la congrégation des Montfortains.

Tout en renouvelant son «soutien fraternel aux proches du père Olivier Maire, à sa communauté religieuse et aux catholiques de France», le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti est revenu dans un message sur Facebook sur la polémique entourant la non-exécution de l'obligation de quitter le territoire français à l'encontre du réfugié rwandais qui s'est accusé du meurtre, un an après avoir été mis en cause dans l'incendie de la cathédrale de Nantes.

«La dernière obligation de quitter le territoire dont le suspect a fait l'objet n’a pas été mise à exécution. Pas par angélisme mais par souci de justice ! Les mêmes qui dénoncent cette situation auraient hurlé à l'impunité si le suspect avait été éloigné et s'il avait ainsi échappé à son procès, sans assurance non plus que sa peine soit exécutée dans son pays d'origine», a expliqué le garde des Sceaux.

Lundi 9 août

La garde à vue du présumé incendiaire de la cathédrale de Nantes en juillet 2020, qui s'est accusé du meurtre d'un prêtre qui l'hébergeait en Vendée, a été levée pour «incompatibilité avec son état de santé», a appris l'AFP de sources proches du dossier.

Le suspect de 40 ans, qui souffre de troubles psychiatriques, a été conduit à l'hôpital pour y être soigné, a ajouté l'une de ces sources, confirmant une information de BFMTV.

Prêtre assassiné :«La priorité de la police aujourd'hui c'est le pass sanitaire, pas la criminalité»

Noam Anouar, ancien fonctionnaire de police, estime que «le ministère de l'Intérieur a failli à sa mission de sécurisation du peuple français». Il rappelle également que l'«on n'est à l’abri, nulle part, de ce type d'agissement».

Le ressortissant rwandais qui a reconnu le meurtre d'un prêtre en Vendée n'était pas expulsable en raison de sa mise sous contrôle judiciaire pour l'incendie de la cathédrale de Nantes, mais il l'était avant cela à en croire une source citée par BFM.

Prêtre assassiné en Vendée : «Un homicide inexplicable», selon Alain Leboeuf

Plusieurs figures de droite ont dénoncé le «laxisme» de l'Etat après le meurtre d'un prêtre en Vendée. Le principal suspect, qui s'est dénoncé auprès de la gendarmerie, est également le présumé incendiaire de la cathédrale de Nantes l'an dernier.

Emmanuel Macron a rendu hommage au prêtre assassiné lundi en Vendée, le père Olivier Maire, «au nom de la Nation», a déclaré le chef de l'Etat sur Twitter.

«Il portait jusque dans les traits de son visage la générosité et l'amour de l'autre. Au nom de la Nation, je rends hommage au père Olivier Maire. Pensées chaleureuses pour les Montfortains et tous les catholiques de France», a-t-il ajouté, en retweetant un message du sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau, qui connaissait l'ecclésiastique.

«Protéger ceux qui croient est une priorité», a conclu le président.

Le Premier ministre Jean Castex a également fait part de son «profond effroi» et de sa «vive compassion», a indiqué Matignon. 

Ce 9 août dans la matinée, un prêtre de la communauté des frères missionnaires a été victime d'un «dramatique assassinat», a fait savoir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur Twitter. Il a apporté «tout [s]on soutien aux catholiques», et doit se rendre à Saint-Laurent-sur-Sèvre, à 15 km au sud de Cholet, vers 17h30. 

En milieu d'après midi, le président de la République a quant à lui exprimé «toute sa sympathie» à la communauté religieuse des Montfortains dans un communiqué transmis par l'Elysée à l'AFP.

«Un homme s'est présenté en milieu de matinée à la brigade de gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre et a dit avoir tué un ecclésiastique», a expliqué une source proche du dossier à l'AFP. Le mode opératoire du crime n'a pas encore été divulgué mais une source policière auprès de l'agence de presse a écarté une attaque au couteau.

L'homme avait été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l'enquête sur l'incendie de la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020, a précisé cette source. Incarcéré depuis plusieurs mois, il avait été remis en liberté en juin dernier dans l'attente de son procès. 

En fin d'après-midi, le vice-procureur de La Roche-Sur-Yon, Yannick Le Goater, a annoncé lors d'une conférence de presse à la gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre qu'une enquête avait été ouverte pour «homicide volontaire». «Aucun mobile lié à un motif terroriste» n'apparaît dans cette affaire après le placement en garde à vue de l'homme, a précisé le magistrat.

Darmanin affirme que «cet étranger n’était pas expulsable»

Le prêtre Olivier Maire, 60 ans, supérieur de la communauté religieuse des Montfortains à Saint-Laurent-sur-Sèvre, accueillait cet homme «depuis plusieurs mois», ont avancé l'AFP, Valeurs actuelles et le sénateur de Vendée Bruno Retailleau.

La présidente de Rassemblement national Marine Le Pen, a aussitôt réagi sur Twitter : «En France, on peut donc être clandestin, incendier la cathédrale de Nantes, ne jamais être expulsé, et récidiver en assassinant un prêtre», a-t-elle écrit sur les réseaux, y voyant la «faillite complète de l'Etat et de Gérald Darmanin». Un commentaire auquel le ministre de l'Intérieur a répliqué sans tarder : «Cet étranger n’était pas expulsable malgré son arrêté d’expulsion tant que son contrôle judiciaire n’était pas levé», a-t-il écrit, accusant Marine Le Pen de «polémiquer sans connaître les faits».

Concernant l'incendie de la cathédrale en juillet 2020, Emmanuel A., bénévole au diocèse de Nantes venu se réfugier en France, avait reconnu en être à l'origine dès sa première comparution devant le procureur de la République. Le père Hubert Champenois, recteur de l'édifice, avait expliqué que le bénévole était un «Rwandais venu se réfugier en France il y a quelques années», «servant d'autel» et qu'il le connaissait «depuis quatre ou cinq ans». «J'ai confiance en lui comme en tous les collaborateurs», avait-il expliqué à l'AFP.

L'enquête avait révélé l'existence de trois départs de feu distincts dans la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul. «Entre le grand orgue, qui est sur la façade au premier étage, et les autres feux, vous avez quasiment toute la distance de la cathédrale. Ils sont quand même à une distance conséquente les uns des autres», avait relevé le procureur le jour de l'incendie. Le suspect avait plus tard confirmé «avoir allumé les trois feux : sur le grand orgue, le petit orgue et dans un panneau électrique», avait déclaré le magistrat le 26 juillet 2020.