France

Le syndicat Unsa Police s’oppose à la fin de la clé d'étranglement comme technique d'interpellation

Une note du patron de la police Frédéric Veaux a détaillé trois nouvelles techniques à enseigner pour remplacer la méthode controversée d'interpellation. Mais les syndicats sont sceptiques sur leur efficacité et les moyens pour former les policiers.

La police est sceptique sur l'abandon de la clé d'étranglement comme technique d'interpellation, à l'image du syndicat Unsa qui s'y est dit «opposé» le 2 août, tout en prenant «acte de la note DGPN du 30 juillet».

Un an après l'annonce de son abandon par le ministre de l'Intérieur d'alors, Christophe Castaner, à la suite du décès de Cédric Chouviat après un contrôle à Paris par des policiers, la controversée clé d'étranglement est officiellement remplacée par trois autres techniques interdisant toute pression continue et prolongée au niveau du larynx.

Dans un courrier adressé le 30 juillet à l'ensemble des hauts responsables de la police nationale, le patron de la police Frédéric Veaux a signé l'acte de décès de la clé d'étranglement, soulignant que cette technique présentait des «risques» et qu'il était «donc décidé d'y renoncer définitivement et de faire évoluer les pratiques». Il a détaillé trois techniques qui la remplaceront et seront dorénavant enseignées aux policiers : il s'agit de «l'amener au sol par pivot», de «l'amener au sol par contrôle de demie épaule» et de «la maîtrise par contrôle de la tête [...] restreignant de manière significative les capacités de mouvement».

La patron de la police à précisé que ces nouvelles techniques étaient basées sur «le principe de gradation de la force en fonction de la résistance de l'individu, en utilisant des méthodes d'amener au sol et de maîtrise sans avoir recours à une pression continue et prolongée au niveau du larynx».

Rien n’est dit sur le calendrier pour former 105 000 policiers de terrain

Mais pour l'UNSA Police, il y a une différence «entre théorie et réalité». Le syndicat prévient qu'il «n'acceptera pas que des policiers soient mis en cause par manque de formation ou de techniques adaptées aux situations rencontrées sur le terrain», faisant ainsi écho à des réactions similaires de la part de policiers dès l'annonce de la fin de la clé d'étranglement.

«Dans la note [de la DGPN], rien n’est dit sur le calendrier pour former 105 000 policiers de terrain alors que, justement, toute la difficulté est de pouvoir répéter encore et encore les bons gestes pour éviter les incidents. La technique d’étranglement est maîtrisée, quand elle est bien apprise, à partir de 14 ou 15 ans, au judo», a souligné auprès du Figaro Grégory Joron, secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP Police-FO.

En juin dernier, l'AFP avait recueilli le témoignage d'un membre de la brigade anticriminalité du Val-de-Marne,  policier depuis 27 ans, qui expliquait qu'«il n'exist[ait] pas d'autres méthodes» que la clé pour «faire tomber quelqu'un de costaud, sous stup ou sous alcool». Même avis de la part d'un membre des forces de l'ordre sous couvert d'anonymat, dans le Figaro : «Les agents de terrain, qui ne sont pas tous des combattants, feront avec les moyens du bord quand ils auront affaire à un type pesant 30 kilogrammes de plus qu'eux.»

Côté gendarmes, l'étranglement a «été proscrit» il y a plusieurs années et «toute contrainte sur le rachis et toute pression thoracique sont interdites», assurait en revanche le général Bertrand Cavallier en juin auprès de l'agence de presse.