Assa Traoré était présente aux assises le 23 juin à Pontoise (Val d'Oise) pour prendre la défense de son frère Bagui. Celui-ci risque la réclusion criminelle à perpétuité pour tentatives d’assassinat sur des membres des forces de l’ordre lors des très violentes émeutes de Persan-Beaumont (Val d'Oise) – qui avaient suivi la mort d'Adama Traoré après son interpellation – au cours desquelles les gendarmes avaient essuyé des tirs d'armes à feu en juillet 2016.
Quatre autres prévenus sont poursuivis dans cette affaire où Bagui est suspecté d'avoir organisé les attaques contre les forces de l'ordre dans les heures et jours suivant la mort d'Adama. Plus de 70 membres des forces de sécurité se sont portés parties civiles dans ce procès prévu pour durer trois semaines.
Citée en tant que témoin aux assises, Assa Traoré a expliqué être elle-même une victime dans cette affaire : «Je me retrouve à la barre du mauvais côté. Je me retrouve avec ma famille du côté des coupables, pas du côté des victimes.» Le Parisien rapporte encore : «Les victimes, c’est nous ! Il ne faut pas inverser les rôles.»
Interrogée par le président Marc Trévidic sur les tirs qu'ont essuyés les gendarmes et le parcours judiciaire de son frère Bagui Traoré, interpellé ce soir-là, la militante se contente de répondre : «Bagui n’est pas parfait.» Comme le précise Le Parisien, son casier compte en effet 19 mentions.
Violences, vols, stupéfiants, extorsion : depuis l'adolescence, Bagui Traoré multiplie les séjours en prison
Selon l'AFP, Assa Traoré s'est indignée, en rappelant qu'un autre de ses frères était mort quelques jours plus tôt : «Quand on voit cet acharnement envers ma famille, j'ai juste envie de rappeler que la famille Traoré, c'est nous qui avons perdu quelqu'un. Qu'on laisse notre famille tranquille !»
L'AFP explique également que, dans la lignée des premiers jours d'audience, la sœur est revenue sur la personnalité et le parcours chaotique de Bagui, 29 ans, né en France au sein d'une famille polygame de 17 enfants dirigée par un père chef de chantier arrivé du Mali dans les années 1960.
Dans la fratrie «où les notions de demi-frère et demi-sœur n'existent pas», selon une enquêtrice de personnalité, les enfants se divisent entre ceux qui sont nés de mères françaises et la génération ultérieure, née de mères maliennes, à laquelle appartiennent Bagui et Adama.
L'AFP poursuit la saga et explique que le décès du patriarche prive le clan de sa figure morale tutélaire et de son pilier financier. Les membres de la famille Traoré plongent alors dans l'instabilité. Bagui Traoré sort du système scolaire à l'âge de 12 ans et connaît ses premiers démêlés avec la justice à 14. Violences, vols, stupéfiants, extorsion : depuis l'adolescence, le jeune homme alterne entre séjours en prison et périodes de liberté.
Le 19 juillet 2016, les deux frères (Bagui et Adama) se trouvent ensemble à Beaumont-sur-Oise lorsque les gendarmes, qui recherchent Bagui pour une affaire d'extorsion, les repèrent et les interpellent. Arrêté au terme d'une course-poursuite, Adama est déclaré mort quelques heures plus tard dans la cour de la caserne.