Devant l'ampleur de l'abstention (66,1%) aux premiers tours des élections régionales et départementales, deux figures de La République en marche (LREM) ont relancé ce 21 juin le débat sur le vote électronique ou par correspondance. Alors que son parti a subi une déroute dans les urnes, le chef du groupe LREM à l'Assemblée nationale Christophe Castaner a déclaré sur Franceinfo qu'il fallait «peut-être [s']interroger sur la forme du vote». «Le vote par correspondance ou électronique sont des sujets sur lesquels nous devons progresser», a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en charge de l'organisation des scrutins, avait pourtant balayé cette possibilité pour les régionales en novembre 2020, parlant de «fausse bonne idée» car «les raisons qui ont amené à abandonner le vote par correspondance en 1975 restent valables aujourd'hui : le risque de fraude est trop important». Et ce malgré les demandes du MoDem (allié de LREM) et du député de la majorité Roland Lescure, qui souhaitait alors «en débattre» au sein du mouvement présidentiel. Le sénateur LREM des Hauts-de-Seine Xavier Lacovelli avait déposé sans succès une proposition de loi pour autoriser le vote par correspondance en France. «Le calendrier était extrêmement court», a défendu ce 21 juin Christophe Castaner, prédécesseur de Gérald Darmanin place Beauvau.
Pas de «baguette magique»
Sur France Inter, c'est le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini qui a relayé l'idée du vote à distance, arguant qu'il fallait «se donner tous les moyens» pour «mettre en place le vote par internet dans le prochain quinquennat». «Cela fait aussi partie des enjeux démocratiques», a-t-il expliqué, tout en soulignant qu'il n'y avait pas de «baguette magique» pour amener les électeurs à voter. «Ce n'est pas parce qu'on ferait le vote par internet ou le vote par correspondance seuls qu'on réglerait les problèmes démocratiques», a-t-il pointé.
A la suite du débat en novembre 2020 autour de cette question, un rapport avait été commandé au Sénat pour évaluer la faisabilité d'un retour du vote par correspondance. La mission d'information de la commission des lois de la Chambre haute avait rendu son verdict le 16 décembre 2020, estimant que «les conditions ne sont pas réunies» pour organiser en 2021 le vote par correspondance «papier» ou par internet. Dans ce dernier cas, la commission soulignait les difficultés d'un vote en ligne en l'absence d'une «véritable identité numérique», mais également des risques de «pression communautaire» évoqués par le ministre de l'Intérieur pour s'opposer au vote à distance.
En outre, plusieurs députés non-inscrits avaient déposé en janvier un amendement au projet de loi organique relatif à l’élection du président de la République, afin «d'étendre la possibilité pour l'élection présidentielle de 2022 de voter par correspondance à toute personne inscrite sur une liste électorale, dans des conditions permettant de respecter le caractère secret et personnel du vote et la sincérité du scrutin». Amendement retoqué, et fortement critiqué par plusieurs figures de droite comme le président des Patriotes Florian Philippot et l'ancienne députée Marion Maréchal. Elle invoquait notamment «les graves suspicions de fraude aux USA via cette pratique» pour s'opposer à l'idée.