France

110 personnalités demandent le rapatriement en France des enfants de djihadistes et de leurs mères

Dans une tribune, une centaine d'artistes, de médecins, d'universitaires ou encore de magistrats ont demandé que la France organise le rapatriement de ces personnes actuellement détenues en Syrie.

Dans une tribune publié par Le Monde le 18 juin, 110 personnalités du monde des arts et de la culture, mais aussi des médecins, des universitaires et des magistrats, appellent la France à rapatrier immédiatement les enfants de djihadistes français qui, «victimes de traitements inhumains et dégradants, périssent à petit feu dans les camps syriens».

Parmi les signataires se trouvent l'actrice Sandrine Bonnaire, les réalisateurs Elie Chouraqui, Costa-Gavras et Claude Lelouch le psychiatre Boris Cyrulnik, les comédiens Bruno Solo, Julie Gayet et Philippe Torreton, ou encore l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic. 

Ces enfants [...] sont des victimes que la France abandonne en leur faisant payer le choix de leurs parents

«Ces enfants sont innocents. Ils n’ont pas choisi de partir en Syrie ni de naître en zone de guerre ou dans ces camps. Ils sont des victimes que la France abandonne en leur faisant payer le choix de leurs parents», déclare la tribune, en ajoutant que «les rapatrier sans leurs mères, comme le souhaiteraient certains Etats, ne répond pas à l’intérêt supérieur de ces enfants».

«Les enfants français, dont la grande majorité a moins de 6 ans, portent les stigmates de leurs blessures et de leurs traumatismes. Ils ne bénéficient d’aucun soin approprié et ne sont pas scolarisés», affirment également les signataires. Ils font référence à des observateurs et à des ONG qui font «état depuis des années de cette situation profondément attentatoire aux droits humains» et déplorent «l’état de santé dégradé et les profonds traumatismes de ces enfants laissés sans soins» ainsi que «les traitements inhumains et dégradants auxquels ces enfants doivent faire face».

Des rapatriements «au cas par cas»

Le communiqué rappelle enfin que «l’Unicef, le Comité international de la Croix-Rouge, le haut responsable de l’ONU [...], la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe [...], et la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU [...] ont tous appelé au rapatriement de ces enfants dans leur intérêt supérieur». «En France, la Commission nationale consultative des droits de l’homme et le Défenseur des droits ont adopté la même posture, sans que l’exécutif ne se décide à reconsidérer son refus catégorique de rapatrier ces enfants et leurs mères», regrettent les signataires.

Début 2019, après l'une des dernières offensives menées par les forces kurdes et la coalition internationale contre Daesh à Al-Baghouz, la France avait pourtant décidé un rapatriement global de ses ressortissants. Une liste précise de 250 ressortissants français (hommes, femmes et enfants) avait même été dressée et pour plus de 160 d’entre eux, un vol de retour leur avait été assigné. «Est-ce qu’on préfère qu’ils soient dispersés, qu’ils rejoignent les rangs de Daesh ou qu’ils partent dans un autre pays pour continuer à fomenter de tels actes ?», déclarait le 30 janvier 2019 le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe.  Face à l'hostilité d'une grande majorité de la population comme de l'opposition, le chef de l'Etat avait finalement renoncé à ces opérations, autorisant seulement les rapatriements «au cas par cas». Depuis 2019, 35 enfants (en majorité des orphelins) ont été récupérés, et il en resterait environ 200 ainsi qu’une centaine de femmes.