Est-ce un moratoire qui ne dit pas son nom ? Selon France info le 18 juin, une passe d'armes a eu lieu entre le ministère des Armées de Florence Parly et celui de la Transition écologique de Barbara Pompili sur la question de l'implantation des éoliennes.
Et Matignon a provisoirement tranché au profit du premier : désormais, aucune éolienne ne pourra être implantée sur le territoire et en mer à moins de 70 kilomètres des radars, sauf accord du ministère des Armées. Selon le document d'instruction, consulté par France info, l'hôtel de Brienne étudiera désormais «la disposition des éoliennes par rapport aux radars, la nature du relief et la faisabilité du projet au regard de la gêne occasionnée sur le radar ainsi que des exigences de sécurité nationale en matière de posture permanente de sûreté». Les éoliennes représenteraient en effet un risque, pouvant brouiller le signal des radars et donc la détection d'avions.
Contacté par France info, Matignon précise que cette règlementation peut toutefois évoluer, dans la mesure où la France s'est engagée à développer son parc éolien. Une clause de révision est de fait prévue dans six mois, après évaluation des impacts de cette règlementation.
Le Sénat dominé par la droite se rebelle contre les éoliennes
Reste qu'il s'agit d'un mauvais jour pour les pro-éoliens. Le Sénat a également adopté dans la nuit du 17 au 18 juin un amendement – contre l'avis de Barbara Pompili – lors de l'examen en première lecture du projet de loi climat et résilience.
Cette proposition, émanant du parti Les Républicains (LR), prévoit une délibération du conseil municipal sur les projets d'implantation, avec aussi la possibilité de le soumettre à un référendum local. Un maire peut en outre faire valoir un droit de veto sur l'installation de mâts sur sa commune.
Le rapporteur LR Marta de Cidrac a souligné que l'amendement répondait «à une demande forte des élus locaux, démunis face à l'implantation de parcs éoliens». Les communistes ont également fait des propositions similaires pour limiter les éoliennes sur le sol français.
Des prises de position qui n'ont guère satisfait la ministre de l'Ecologie : «Seuls 20% du territoire français peuvent recevoir des éoliennes [...] nous essayons d'élargir ce périmètre, mais la consécration d'un droit de veto pourrait créer un phénomène de "Not in my backyard" [Pas dans mon jardin].» «Le veto n'incite pas non plus à la concertation. Il pourra ensuite être réclamé pour l'installation de panneaux solaires ou d'usines de méthanisation», a-t-elle encore critiqué.
Le 18 juin, le Sénat a par ailleurs voté un deuxième amendement, cette fois-ci contre l'éolien en mer (offshore). Il prévoit «l'accord préalable des collectivités territoriales» à ce type d'implantation «en particulier des communes depuis lesquelles ces installations sont visibles». L'écologiste (EELV) Joël Labbé a dénoncé «un amendement absolument assassin pour l'éolien offshore».
Néanmoins, il est fort à parier que les sénateurs ne soient pas entendus dans la version finale du projet de loi. En effet, la navette parlementaire conduit à ce que l'Assemblée nationale, dominée par la majorité présidentielle, ait le dernier mot.