Une cinquantaine de bateaux de pêche ont fait une démonstration de force ce 7 mai au matin en baie de Saint-Brieuc, encerclant pendant une heure un imposant navire auto-élévateur chargé de la construction d'un parc éolien en mer, a constaté un photographe de l'AFP.
«Les courageux pêcheurs bretons, en première ligne pour défendre le modèle de la pêche artisanale et nos milieux marins, continuent ce matin la mobilisation contre le parc éolien offshore en construction de #SaintBrieuc. Soutien indéfectible», a écrit l'eurodéputée du Rassemblement national (RN) France Jamet sur son compte Twitter.
L'Aeolus, un bâtiment de 138 m de long sur 38 de large, est chargé de poser les fondations du chantier éolien pour la compagnie Ailes marines, filiale du groupe espagnol Iberdrola.
Pendant une heure, les pêcheurs costarmoricains, aidés de collègues venus de Dieppe ou du Crotoy (baie de Somme), ont encerclé le bateau autour duquel ils ont effectué de nombreux tours, s'approchant parfois à quelques mètres. Ils ont tiré des feux de détresse vers le ciel, et allumé des fumigènes. La gendarmerie était présente à bord d'un Zodiac, et on pouvait voir au loin un patrouilleur de la Marine nationale.
Menace pour la biodiversité marine
Les pêcheurs réclament l'annulation de ce projet de parc éolien, qui doit être mis en service fin 2023. Ils y voient une menace pour la riche biodiversité marine (homards, coquilles Saint-Jacques...) de la baie de Saint-Brieuc. Parallèlement, les écologistes craignent la dispersion d'aluminium dans la chaîne alimentaire marine. «Le message est très simple : on ne veut pas d'éolien ici», a souligné Alain Coudray, du comité des pêches des Côtes-d'Armor (CDPMEM22). On voulait «montrer qu'on est là et qu'il n'y a pas que les pêcheurs, et que les riverains ne sont pas d'accord non plus», a-t-il ajouté.
Les pêcheurs ont ensuite quitté la zone dans le calme, pour se rendre au Cap Fréhel et saluer les associations opposées au projet éolien, et qui appelaient au même moment à une manifestation. Selon Katherine Pujol, présidente de l'association «Gardez les Caps», cette action «montre que contrairement à ce qu'on entend parfois, les associations environnementales travaillent avec les pêcheurs».
Dans l'après-midi, des opposants au projet étaient également présents sur la plage d'Erquy, «dans une ambiance plutôt bon enfant, sans incident», a fait savoir la gendarmerie des Côtes-d'Armor à l'AFP.
Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins a apporté ce 7 mai son soutien aux opposants, estimant que cette construction relevait d'un «passage en force». «Un report des travaux et la finalisation des études promises constituent les seules mesures capables d’apaiser les esprits et permettre de statuer objectivement sur la pérennité du projet», a estimé son président Gérard Romiti dans une déclaration transmise à l'AFP.
Le 3 mai, environ 300 pêcheurs et membres d'associations s'étaient déjà rassemblés devant la préfecture des Côtes-d'Armor contre ce projet.
Fixé sur les fonds marins, ce parc doit être érigé à 16,3 km des côtes les plus proches, le Cap Fréhel et le port de pêche d'Erquy, deux secteurs classés. D’une capacité de 496 MW, avec 62 éoliennes de plus de 200 m de haut et 30 à 42 m sous l'eau, il est censé produire 1820 GWh, la consommation électrique annuelle de 835 000 habitants, selon son promoteur.