France

Martineau : une des grosses têtes de la préfecture de police de Paris sur le départ

Valérie Martineau, directrice de la DSPAP, le plus gros service de la préfecture de police de Paris en termes d'effectif, aurait annoncé à ses équipes qu'elle allait quitter son poste. Des sources policières en soupirent d'aise au téléphone.

Valérie Martineau, actuelle directrice de la sécurité de la proximité de l'agglomération parisienne à la préfecture de police (DSPAP), avait déjà été décrite par plusieurs sources comme une «grosse bosseuse» qui «enquillait des quinze heures de travail», mais qui avait le plus grand mal à déléguer, et qui était surtout connue pour son caractère bien trempé, avec une «personnalité crispante», «fermée».

De source policière, elle aurait annoncé à ses équipes le 15 juin qu'elle allait quitter son poste. Bientôt la rumeur enflait sur les réseaux sociaux et plusieurs journalistes la disaient «démise de ses fonctions».

Son service est fort de 20 000 personnes et il a compétence pour prévenir et réprimer la délinquance à Paris et en petite couronne. Il s'agit d'un poste à haute responsabilité et avec une dimension fusible non-négligeable, comme l'a appris à ses dépens le prédécesseur de Valérie Martineau, Frédéric Dupuch, lui-même débarqué sans ménagement en compagnie de l'ancien préfet de police de Paris, Michel Delpuech en pleine séquence Gilets jaunes au printemps 2019.

La DSPAP sortante aura donc duré deux années au cours desquelles elle a laissé la trace, auprès des corps intermédiaires syndicaux, d'une directrice «manquant parfois de sens commun», dit l'un, mais surtout «fermée à tout dialogue social», selon un autre : Yvan Assioma, secrétaire national Ile-de-France d'Alliance.

Un policier anonyme, contacté par RT France, qui croise le fer avec l'administration depuis plusieurs mois, soupire lui aussi, soulagé, parce que Valérie Martineau aurait directement pesé dans son dossier disciplinaire pour le faire plonger : «Quelle belle soirée avec cette victoire des Bleus et Martineau éjectée !»

Un geste d'apaisement envers les policiers franciliens ?

Une source syndicale précise la pensée : démettre Valérie Martineau de ses fonctions avant l'été pourrait aussi envoyer un message d'assouplissement aux policiers de terrain d'Ile-de-France... Autant de fonctionnaires que le gouvernement et l'administration pourraient vouloir conserver dans les meilleures dispositions en amont d'une possible rentrée sociale et sécuritaire chargée (notamment avec l'ouverture du procès du 13 novembre au mois de septembre 2021), surtout dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle 2022.

Aucune raison n'est clairement évoquée pour ce limogeage pour le moment (avec probablement une autre mission à la clef), mais une source policière contactée par RT France évoque une hypothèse : «Cela doit être pour l'ensemble de son œuvre à cette direction. Tout a toujours été très compliqué avec elle. En plus, elle avait la main lourde sur les sanctions et légère sur les récompenses.»

Une source syndicale souffle quant à elle : «Nous avions essayé de lui faire passer le message qu'elle arrête de visiter les services de police, parce que les gens la craignaient.»

Sollicitée par RT France, la préfecture de police n'a pas été en mesure de répondre dans l'immédiat pour expliquer, ni confirmer le départ prochain de la DSPAP.

Une directrice qui était déjà sur la sellette

La légitimité de Valérie Martineau à cette direction majeure de la préfecture de police avait en partie été éprouvée par différentes affaires médiatisées, notamment la gestion de la colère des policiers de terrain à l'été 2020, ainsi qu'une réforme des Compagnies de sécurisation et d'intervention franciliennes qu'elle entendait mener de front, sans s'embarrasser de dialogue social avant d'être désavouée en partie par Didier Lallement (dans la foulée des affaires judiciaires en cours au sein de la CSI 93).

Enfin, sa direction avait été pointée du doigt dans la gestion du démantèlement d'un camp de migrants place de la République à Paris le 23 novembre 2020, avec des violences illégitimes commises par certains fonctionnaires à l'égard de migrants et de journalistes, notamment. Didier Lallement avait gardé sa casquette, mais la DSPAP était déjà annoncée sur la sellette. Une source policière nous fait savoir que certains hauts-fonctionnaires avaient déjà été approchés récemment pour la remplacer. Le nom d'une autre femme circule déjà.

Antoine Boitel