L'ancien président français Nicolas Sarkozy a nié ce 15 juin devant le tribunal correctionnel de Paris avoir engagé des dépenses excessives lors de sa campagne présidentielle perdue en 2012, a rapporté l'AFP. A l'occasion de ce procès ouvert il y a trois semaines, l'ancien chef d'Etat comparaissait pour «financement illégal de campagne» en encourant un an d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende.
Dans ce dossier aussi appelé Bygmalion (du nom de l'agence événementielle qui a organisé de nombreux rassemblements politiques), Nicolas Sarkozy aurait fait le choix avec son équipe de «meetings spectaculaires et dispendieux» en demandant d'accélérer le rythme jusqu'à un rassemblement par jour. L'accusation estime que Nicolas Sarkozy a «incontestablement» bénéficié d'une fraude qui lui a permis de disposer d'au moins 42,8 millions d'euros au total, soit près du double du plafond légal à l'époque.
Appelé à la barre, l'ancien président de la République a tout nié en bloc : «J'aimerais qu'on m'explique en quoi j'ai plus fait campagne en 2012 qu'en 2007. C'est faux ! Il n'y a pas eu d'emballement», a rétorqué Nicolas Sarkozy, soulignant que d'après lui, cette affaire était une «fable». En ce qui concerne la chaîne des responsabilités, l'ex-chef de l'Etat a fait valoir que contrairement à la campagne de 2007 «organisée par l'UMP», la chose était «très différente» en 2012, précisant que d'un côté, il y avait son équipe de campagne dirigée par Guillaume Lambert (sur le banc des prévenus) et de l'autre côté l'UMP dirigée par Jean-François Copé.
13 prévenus sont soupçonnés d'être impliqués dans un système de double facturation
L'ex-secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé a été blanchi dans cette affaire et a été entendu comme simple témoin la semaine dernière en expliquant au tribunal qu'il fallait «toujours se demander à qui cela profite». Jérôme Lavrilleux, à l'époque directeur de cabinet de Jean-François Copé et directeur adjoint de la campagne est le seul à l'UMP à avoir reconnu une fraude, assurant que ni son patron ni Nicolas Sarkozy n'avaient été mis au courant.
Les treize autres prévenus, anciens cadres de Bygmalion et de l'UMP qui ont défilé à la barre sont soupçonnés d'être impliqués dans un système de double facturation imaginé pour masquer l'explosion des dépenses autorisées pendant la campagne. Le prix réel des quelque 40 meetings organisés par Bygmalion avait été drastiquement réduit et le reste (80% des factures) réglé par l'UMP au nom de conventions fictives du parti. Le procès devrait durer jusqu'au 22 juin.