Un petit tour et puis s'en va. Le conseiller municipal de Barcelone Manuel Valls a annoncé le 22 mai au quotidien espagnol El Mundo qu'il s'apprêtait à démissionner de son mandat, alors qu'il avait été élu en mai 2019 et avait assuré durant la campagne municipale qu'il resterait dans la ville «quoi qu’il arrive».
«Mon temps de conseiller municipal est révolu. Je vais bientôt rendre ma démission publique», a expliqué l'ancien Premier ministre français (2014-2016). «Maintenant, je sais que je suis majoritairement français : dans mes valeurs, dans ma façon de penser et de faire de la politique», a-t-il justifié.
Bien qu'il avait été élu conseiller municipal en mai 2019, l'exil espagnol de l'ancien socialiste, qui est né à Barcelone, avait été perçu comme un échec. Manuel Valls, qui avait démissionné de son mandat de député de l'Essone, ambitionnait alors de prendre la mairie de la cité catalane avec le soutien du parti libéral anti-indépendantiste Ciudadanos. Mais sa liste avait échoué en quatrième position du scrutin. En octobre 2019, l'ex-chef du gouvernement français affirmait sur France Inter pourtant avoir trouvé «un équilibre» personnel à Barcelone.
Depuis, son omniprésence dans les médias français semblait traduire une volonté de retour de ce côté des Pyrénées. Dans son livre Pas une goutte de sang français (éd. Grasset), publié en mars, Manuel Valls écrivait ainsi éprouver un «ardent désir d’être utile» à la politique française. Et début mars, il avait indiqué qu'il ne se représenterait pas à la mairie de Barcelone en 2023.
Des irrégularités dans ses comptes de campagne
Cette démission de son mandat de conseiller prend place également deux mois après que la Cour des comptes espagnole a épinglé ses dépenses de campagne aux cours des municipales de mai 2019, selon un rapport officiel dont l'existence a été révélée par la presse espagnole. Le rapport du Tribunal des Comptes (équivalent de la Cour des Comptes en France), approuvé par cet organisme le 25 février et récemment rendu public sur son site, a mis en exergue des dépenses de campagne non-déclarées d'une valeur totale de 189 497 euros.
Ces fonds proviennent, pour leur plus grande partie, de l'«Association Barcelona Capital Europea», la plateforme sur laquelle Manuel Valls avait présenté sa candidature avant de former une coalition avec des indépendants et des membres de Ciudadanos. Utilisé au profit de la campagne électorale, cet argent aurait dû provenir de la coalition et non de l'association, considérée comme «une tierce personne», souligne le rapport. Le financement par des tiers «de l'acquisition de biens, d'œuvres ou de services ou de quelque dépense que génère l'activité des partis politiques constitue une irrégularité passible de sanctions», expliquait le Tribunal des Comptes.
Par ailleurs, le rapport pointe du doigt le dépassement du plafond limite autorisé de dépenses, fixé à 178 237 euros pour ce scrutin. L'équipe de Valls avait ainsi dépensé 126 819 euros de plus, soit un excès de 71,15%, pour un total de 305 056 euros. Le Tribunal avait précisé avoir transmis son rapport au Parlement et au gouvernement espagnols.