France

«Stopper les regroupements familiaux» : Barnier veut un «moratoire» de 3 à 5 ans sur l'immigration

Possible candidat de la droite à la présidentielle 2022, l'ancien ministre Michel Barnier a justifié sa proposition de moratoire par les «liens» entre l'immigration et «les réseaux terroristes qui utilisent les flux migratoires, qui les infiltrent».

L'ancien négociateur pour le Brexit Michel Barnier (LR), cité comme possible candidat à la présidentielle de 2022, a suggéré le 9 mai «un moratoire en matière d'immigration», de «trois à cinq ans», pour «prendre le temps de vérifier, d’évaluer, le cas échéant de changer, les procédures et les pratiques», a déclaré l'ancien ministre au Grand Jury pour RTL, LCI et Le Figaro.

Il a fait valoir qu'il y a «des liens» entre l'immigration et «les réseaux terroristes qui utilisent les flux migratoires, qui les infiltrent», même s'il ne «pense pas que tous les immigrés, et notamment ceux qui essaient de traverser la Méditerranée pour rejoindre un avenir meilleur, sont des terroristes en puissance ou des délinquants en puissance». Ce moratoire signifie selon lui qu'il faut «stopper les regroupements familiaux et mettre à plat les procédures, la manière dont on donne un certain nombre de titres de séjour».

Il a également précisé sur l'immigration : «Il faudra à la fin changer la Constitution sur certains points, notamment pour avoir plus de marge par rapport à des textes ou des règlements européens.» Pour autant l'ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy a affirmé que la France accueillerait toujours des étudiants et respecterait le droit d'asile. 

Le président des Républicains Christian Jacob avait lui proposé à l'automne un «moratoire» de trois à six mois sur l'immigration, le temps pour Emmanuel Macron de consulter l'ensemble des «familles politiques» sur ce sujet.

«Des risques d’explosions» sociales en France

Michel Barnier a aussi jugé qu'il y avait «des risques d’explosions» sociales en France et que la récente tribune de militaires «méritait de l'attention», «parce qu'il y a de réelles et graves fractures, notamment sur la question de l'immigration».

Interrogé sur la proximité de ses propositions avec celles de Marine Le Pen, qui veut aussi un moratoire sur l'immigration pour la réduire à 10 000 entrées par an, Barnier a assuré ne pas avoir «besoin de Madame Le Pen pour écouter et comprendre les problèmes des Français et pour apporter des solutions». A propos du voile islamique, que Marine Le Pen veut interdire dans tout l'espace public, l'ancien commissaire européen a jugé «qu'on devrait réaffirmer clairement que les signes religieux ne peuvent pas entrer dans l’espace public».

Dans une allusion à Emmanuel Macron, il a aussi mis en garde contre «l'exercice solitaire du pouvoir, le manque de confiance dans les ministres, les élus locaux», qui «peut parfois friser [...] l’arrogance». «Michel Barnier a raison ! Prendre le temps de vérifier, d'évaluer, et le cas échéant de changer les procédures et pratiques en matière d'immigration. Prendre le temps de bâtir un consensus», a abondé sur Twitter la députée LR Constance Le Grip.