Le Premier ministre Jean Castex a annoncé le 2 mai le retrait de la liste La République en marche (LREM) au premier tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), au profit du président Les Républicains (LR) sortant de la région, Renaud Muselier, dans un entretien au JDD. Une initiative contestée par certains cadres et élus LR parmi lesquels le président Christian Jacob qui a annoncé que son parti retirerait son investiture à Renaud Muselier.
La secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel, chef de file désignée par LREM dans la région «et des représentants de la majorité parlementaire vont intégrer le dispositif conduit par Renaud Muselier», a précisé la chef du gouvernement, sous-entendant que les deux listes pourraient fusionner. Contacté par l'AFP, Renaud Muselier a refusé de confirmer cette fusion des deux listes, se contentant de «prendre acte» et de «se féliciter de l'annonce du Premier ministre».
Le 29 avril, le président de la région PACA avait tendu la main à la majorité présidentielle, estimant que «le bon sens voudrait» que celle-ci «lui apporte son soutien». Dans cet appel, lors de sa première conférence de presse en tant que candidat à la réélection à la tête de la région, Renaud Muselier avait par avance refusé tout «accord d'appareils».
«La majorité présidentielle répond très favorablement à l'initiative de Renaud Muselier», lui a donc répondu le Premier ministre, dans le JDD, en parlant d'une «union» qui irait «bien au-delà d'accords d'appareils» : «C'est un exemple de la recomposition politique», insiste le Premier ministre, lançant un pavé dans une mare LR très divisée sur cette idée d'une alliance entre les deux partis pour les élections régionales des 20 et 27 juin.
Le président des Républicains annonce que Muselier ne pourra pas bénéficier de l'investiture en raison de cet accord
Si cet appel du pied de Renaud Muselier aux Marcheurs est ainsi soutenu localement par le maire de Nice Christian Estrosi, à qui Renaud Muselier avait succédé à la tête de la région en mai 2017, ou par le maire de Toulon Hubert Falco, il est clairement refusé par un certain nombre d'élus et cadres des rangs des Républicains.
Dans un communiqué mis en ligne le 2 mai, le président du parti Christian Jacob a fait savoir que Renaud Muselier ne pourrait «pas bénéficier de l’investiture LR» en PACA. «Après l'annonce des petites manœuvres électorales en PACA par Monsieur Castex, Renaud Muselier, conformément aux règles des Républicains qui imposent qu'il n'y ait aucun accord de 1er tour avec LREM, ne pourra pas bénéficier de l'investiture LR», a-t-il fait valoir, ajoutant : «La peur de perdre des uns ajouté au cynisme des autres n'a jamais fondé une ligne politique. Le premier tour doit être celui de la clarté et de la fidélité à ses convictions, ses engagements et ses alliés naturels.»
«Immense tristesse face à ce coup de poignard dans le dos. Je le savais, dès avant le premier tour de la présidentielle, ils préparaient leur mauvaise soupe sur le petit feu élyséen dans la mauvaise marmite En Marche. Jusqu’au bout j’ai espéré leur sursaut, celui d’amis qui se perdent. Ils ont osé l’inacceptable. Ce matin je pense à la France qui mérite tellement mieux ainsi qu’à nos militants et à nos électeurs, trahis dans leurs convictions», a ainsi tweeté le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti.
La députée européenne Nadine Morano (LR) a fait ce commentaire sur Twitter : «Un accord politique tel le baiser de Judas...»
Le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, a lui aussi critiqué cette démarche sur le même réseau social : «Jadis, Le Pen voulait faire de PACA le labo d’union des Droites. Voici que Jean Castex veut disséquer LR sur la paillasse. Ce mariage signerait la fin d’une alternative crédible à EM. Cette OPA décalée est très éloignée des attentes de nos concitoyens.»
«C'est un accord pour des élections régionales, il est prématuré de parler d'autres échéances», a répondu par avance Jean Castex dans le JDD.