France

Europe : les agriculteurs français manifestent massivement à Strasbourg contre la réforme de la PAC

Plus d'un millier de tracteurs ont manifesté bruyamment à proximité du Parlement européen pour dénoncer la nouvelle PAC qui est en cours de négociation au sein de l'Union européenne. Les agriculteurs entendent bien peser sur les débats.

Le 30 avril, les agriculteurs ont manifesté près du Parlement Européen à Strasbourg, contre la nouvelle Politique agricole commune (PAC) qui doit entrer en vigueur en 2023. La mobilisation, filmée par RT France, a été à l'initiative de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA), et des Jeunes agriculteurs de la région Grand Est.

Entre 1 200 et 1 500 tracteurs, selon la préfecture et les organisateurs, ont ainsi défilé dans les rues strasbourgeoises, occasionnant d'importants bouchons. Les convois étaient venus d'Alsace mais aussi de Lorraine et de la Marne.

La plupart des tracteurs arboraient des pancartes proclamant «Plus vert, c'est plus cher», «Non à la technocratie, vive le bon sens paysan» ou encore «PAC 2023, la mort de l'agriculture».

Philippe Clément, secrétaire générale de la FNSEA Grand Est prévient au micro de RT France : «L’enjeu de cette manifestation, c’est d’alerter nos politiques en disant : "Faites attention, nous avons une belle agriculture en France […] donc ne la sacrifiez pas sur l’autel du libre-échange.»

«On a l'impression que la volonté de "décroissance agricole" est plutôt le leitmotiv [...] C'est inadmissible pour nous», a déclaré à l'AFP Eric Thirouin, le président de l'Association générale des producteurs de blé (AGPB).

«On rentre dans un carcan administratif européen [...] dévastateur sur l'économie de nos exploitations», a-t-il aussi estimé, dénonçant notamment les «éco-régimes», ces primes accordées aux agriculteurs participant à des programmes environnementaux plus exigeants et qui seront obligatoires dans la nouvelle PAC.

Selon Eric Thirouin, cela risque d'aboutir à «un tiers d'aides en moins [...] pour plus de la moitié» des céréaliers français.

«Les contraintes environnementales deviennent tellement importantes et ubuesques qu'elles sont presque impossibles à mettre en œuvre», a renchéri Fabrice Couturier, président de la FDSEA Moselle.

«On ne peut pas faire que de l'environnement sans tenir compte de l'économie», a-t-il poursuivi, ajoutant que, si les agriculteurs n'étaient pas entendus, leur «ultime levier, ce sera les choix électoraux» lors des prochaines élections.

Le détail de la future PAC est en cours de négociation à Bruxelles, où des pourparlers reprennent le 30 avril dans le cadre d'un «super-trilogue» entre le rapporteur du Parlement européen, la présidence du Conseil de l'Union européenne et la Commission européenne.

La France travaille sur son plan stratégique national (PSN), déclinaison de la future PAC qu'elle doit présenter en juin à la Commission européenne, à l'instar de ses voisins de l'UE.