France

Des agriculteurs d'Ile-de-France mènent une opération escargot sur plusieurs autoroutes (VIDEOS)

Voulant adresser un «avertissement» au gouvernement, des agriculteurs d'Ile-de-France et des alentours manifestent avec leurs tracteurs contre une réforme des aides européennes qui donnerait selon eux la priorité au bio et à l'agro-écologie.

Opérations escargot, barrages filtrants : les agriculteurs franciliens sont sur les routes ce 2 avril pour protester contre certains aspects de réforme de la Politique agricole commune (PAC). «On n'est pas d’accord avec la nouvelle PAC qui va arriver, qui va nous mettre énormément de contraintes et nous faire perdre beaucoup d’aides», a confié Alix Heurtaut, agricultrice et secrétaire des Jeunes Agriculteurs Ile-de-France auprès du reporter de RT France Charles Baudry.

«On a décidé de mener une action syndicale à l’échelle du grand bassin parisien. On a l’ambition d’adresser un message à Emmanuel Macron en guise d’avertissement», a pour sa part déclaré Damien Greffin, président de la FNSEA grand bassin parisien, lors d’un point presse. Dans la matinée, la circulation était particulièrement difficile sur les autoroutes A6, A13, A15 et sur la nationale 12. En Seine-et-Marne, Le Parisien rapporte qu'un cortège de 54 tracteurs de la FDSEA de Seine-et-Marne (1 500 adhérents) et des Jeunes agriculteurs de Seine-et-Marne (180 adhérents) se dirigeait vers la sous-préfecture, où une délégation devait être reçue vers 10 heures.

La France travaille actuellement sur son plan stratégique national, sa déclinaison de la future Politique agricole commune (PAC) qu’elle doit présenter en juin à la Commission européenne, à l’instar de ses voisins de l’UE. Un exercice complexe, sachant que le cadre général est toujours en train d’être négocié à Bruxelles.

Les éco-régimes en ligne de mire

Dans la ligne de mire des agriculteurs, les éco-régimes ou «eco-scheme», une nouvelle source de financement conditionnée à la mise en place de pratiques plus respectueuses de l’environnement. La Commission pourrait ainsi exiger le maintien de plus de «prairies permanentes, l’arrêt du déclin de la biodiversité, la réduction des phytos et fertilisants», selon un document de travail du ministère de l’Agriculture consulté par l’AFP.

Ce qui fait aujourd'hui la colonne vertébrale d'un agriculteur, c'est son marché, c'est-à-dire qu'il produit par rapport à ce qu'il va vendre

«Selon les premières projections, dans l’état actuel des choses, 70 à 80% des agriculteurs n’auraient pas la possibilité de bénéficier de cet éco-régime, certes volontaire», a encore estimé Damien Greffin. Ce nouveau type d’aide, tel qu’il est envisagé, «va être extrêmement compliqué à atteindre pour une bonne majorité des agriculteurs du bassin parisien, mais plus largement autour, parce que ce sont des mesures agro-environnementales de plus en plus importantes, de plus en plus contraignantes », se plaint Stéphane Sanchez, directeur de la FNSEA grand bassin parisien.

Faire du bio ? Très bien, à condition qu'on puisse le vendre à 30% plus cher. Si c'est pour faire du bio au prix du conventionnel, c'est la mort de l'agriculture

Damien Greffin, agriculteur céréalier dans le département de l'Essonne, craint que les agriculteurs qui ne rentreraient pas dans les cases de ces éco-régimes perdent «de 60 à 80 euros de l'hectare». «Ce qui fait aujourd'hui la colonne vertébrale d'un agriculteur, c'est son marché, c'est-à-dire qu'il produit par rapport à ce qu'il va vendre. Là, on prend la problématique à l'envers, on nous amène sur un terrain agroécologique sans forcément s'assurer qu'on aura le marché derrière», renchérit Stéphane Sanchez.

Interpellé sur ce sujet cette semaine à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a souligné que la réforme de la PAC était «en cours de consultation», manière de dire que les arbitrages n'étaient pas définitifs sur la répartition de ce budget au sein du monde agricole. La semaine dernière, des milliers d'éleveurs ont manifesté à Clermont-Ferrand et à Lyon, notamment pour protester contre une éventuelle baisse des aides de la PAC jugées essentielles à la «survie» de l'élevage bovin. En cause, dans ce cas-là : un redéploiement éventuel d'aides au profit des protéines végétales.