«Macron, fais pas le con. C'est bientôt les élections», «Sauve ton paysan» ou encore «Agriculteurs en danger» : tels étaient les slogans que l'on pouvait lire sur des pancartes lors d'une manifestation le 6 avril à Dijon. Des centaines d'agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté ont en effet manifesté dans la capitale bourguignonne pour tenter de peser sur les négociations de la future Politique agricole commune (PAC), en cours à Bruxelles.
Du fumier déversé devant la Dréal
Quelque 300 tracteurs et 400 manifestants se sont d'abord arrêtés devant la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dréal), enfonçant la grille d'entrée avec un tractopelle et recouvrant l'accès d'amas de fumier, de pneus et de paille ensuite incendiés.
«Les fonctionnaires de la Dréal sont là pour flinguer les paysans, pas pour l'économie ou l'environnement. Ils arrivent à tout plomber dans l'agriculture et ils sont là pour détruire l'élevage», a tempêté Antoine Carré, président des Jeunes agriculteurs (JA) de Côte-d’Or.
Dispersés à coups de gaz lacrymogène, les manifestants ont par la suite voulu se rendre place de la République, dans le centre de Dijon, mais se sont opposés aux forces de l'ordre, qui ont à nouveau recouru aux lacrymogènes.
Un tracteur a par ailleurs déversé du fumier sur un fourgon de la gendarmerie qui bloquait l'accès à la Préfecture.
«On n'est pas là par plaisir. Certains sont désespérés», a justifié lors d'une prise de parole Christophe Chambon, président de la FRSEA Bourgogne-Franche-Comté.
Le préfet Fabien Sudry a dénoncé des «dégradations» commises par «une minorité», précisant que plusieurs interpellations avaient eu lieu. Un policier a été blessé, de même source, alors que l'AFP rapporte qu'un de ses photographes a été pris à partie «en marge de la manifestation».
La manifestation, organisée à l'appel de la Fédération régionale des syndicats d'exploitations agricoles (FRSEA) de Bourgogne-Franche-Comté, avait notamment pour but de réclamer «une politique agricole commune équilibrée et juste».
La FRSEA, soutenue par les JA, appelle en particulier à octroyer des aides accrues aux «zones intermédiaires» qui, comme la Bourgogne-Franche-Comté, possèdent des potentiels de production limités par des contraintes naturelles.
Le détail de la future PAC, qui entrera en vigueur en 2023, est toujours en train d'être négocié à Bruxelles.
La France travaille actuellement sur son plan stratégique national (PSN), sa déclinaison de la future PAC, qu'elle doit ensuite présenter en juin à la Commission européenne, à l'instar de ses voisins de l'UE.