France

A Paris, 70 agriculteurs mettent le genou à terre pour alerter sur les suicides et les faillites

Environ 70 agriculteurs de la Coordination rurale ont mis le genou à terre et ont pendu des mannequins gonflables sur l'esplanade des Invalides. Ils souhaitaient attirer l'attention sur les suicides d'agriculteurs et les faillites d'exploitations.

Ils voulaient marquer les esprits : environ 70 agriculteurs de la Coordination rurale se sont rassemblés le 4 mars à Paris, entourés de mannequins en combinaison de travail pendus à des arbres, afin de témoigner du malaise d'une profession qui vend trop souvent à perte, comme l'a constaté une journaliste de RT France. Chasuble jaune sur le dos, les militants ont posé devant la presse un genou à terre et poing levé, dans un nuage de fumigènes, jaunes également. 

Une trentaine de ces mannequins gonflables ont été accrochés à des arbres de l'esplanade des Invalides, non loin de l'Assemblée nationale.

Des banderoles ont été déployées entre les arbres, affirmant notamment que «l'agriculture française sub[issait] un énorme plan social organisé dans le plus grand silence». 

Des centaines de suicides et 1 500 dépôts de bilans par an

En l'absence de salon de l'agriculture pour cause de crise sanitaire liée au Covid-19, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole derrière l'alliance FNSEA/JA, voulait se faire entendre.

«Genou à terre, cela veut dire que ceux qui sont encore debout pensent à ceux qui ne sont plus là», a déclaré à l'AFP le président du syndicat, Bernard Lannes. A l'antenne de RT France, la vice-présidente de l'organisation Véronique Le Floc’h estime que «l'origine de ce malaise, c'est la politique européenne». Elle appelle à ce que la France privilégie «les matières premières françaises».

Selon les chiffres les plus récents de la sécurité sociale agricole MSA, 372 suicides d'exploitants agricoles ont été recensés en 2015, soit plus d'un par jour. Mais ce nombre est largement minoré, selon le syndicat, pour lequel on dénombre plutôt deux suicides chaque jour et 1 500 dépôts de bilan par an, faute de prix rémunérateurs.

«Deux collègues par jour, c'est insupportable», a déclaré à l'AFP Dominique Pipet, béret sur la tête et fourche en bois à la main, sur laquelle était placardé le message «Exploité agricole». A la retraite depuis peu, cet ancien éleveur bovin de la Vienne n'a jamais pu se verser de salaire : «Pas de salaire, pas de vacances, on payait nos dettes !» Il a cédé son exploitation bio à «deux jeunes». «Ils ont besoin d'être courageux car on ne subit que des trahisons politiques», dit-il.

«On nous a mis sur l'échafaud de la mondialisation», a quant à lui dénoncé au mégaphone Sébastien Héraud, maraîcher et vice-président de la Coordination rurale. Sur Twitter, le syndicat Coordination rurale a publié des photos de l'événement, en déclarant souhaiter «alerter les Parisiens sur le malaise agricoles» et «symboliser la détresse de [leur] profession touchée par le fléau des suicides» avec ces mannequins pendus.