Dans un avis rendu le 20 avril, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a estimé qu'au vu des connaissances actuelles, la technologie 5G s'appuyant sur la bande de fréquences 3,5 GHz ne constituait probablement pas de «risques nouveaux» pour la santé.
Evoquant ses travaux sur les radiofréquences et la santé, l'agence indique qu'avec le déploiement de la 5G, de nouvelles bandes de fréquence sont (bande 3,5 GHz) ou seront prochainement exploitées (bande 26 GHz), précisant que sur la base des données scientifiques disponibles, l’Anses estime «peu probable que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquences 3,5 GHz présente de nouveaux risques pour la santé».
En revanche, concernant la bande de fréquences 26 GHz également utilisée pour la 5G mais pas encore attribuée en France, l'agence se montre plus réservée. Elle estime que «les données ne sont, à l’heure actuelle, pas suffisantes pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires». L'avis publié recommande donc de poursuivre les recherches sur l'exposition aux diverses fréquences d'ondes et leurs éventuelles conséquences sanitaires.
Des appels au moratoire s'étaient multipliés en attendant l'avis de l'Anses
La technologie 5G permet de transférer une quantité beaucoup plus importante de données. Pour l'heure, les opérateurs ont principalement déployé la 5G dans la bande 700 MHz – 2,1 GHz alors que la bande de 3,5 GHz est récemment été ouverte commercialement en France. Actuellement, le déploiement d’applications 5G dans la bande de fréquences de 26 GHz n'est qu'à l’état de projet et aucune donnée d’exposition n’est aujourd’hui disponible. L'agence signale néanmoins que cette bande 26 GHz viendra «compléter le réseau d’ici quelques années, notamment pour la communication entre objets connectés».
Le déploiement de cette cinquième génération du mobile, commencé au début de l'année, a déclenché de vives polémiques alimentées par les propos du président Emmanuel Macron qui avait publiquement comparé les sceptiques à des «Amish» tenants d'un «retour à la lampe à huile». Les appels à un moratoire en attendant l'avis de l'Anses, saisie début 2019 par le gouvernement, s'étaient multipliés, certaines municipalités ayant même voté (comme à Lille) de telles mesures pour leur territoire.
Les opérateurs saluent des conclusions «rassurantes»
Les ONG (Organisation non gouvernementale) Agir pour l'environnement et Priartem (association contre les risques liés aux technologies électro-magnétiques), qui avaient contesté en justice le déploiement de cette technologie, ont dénoncé une nouvelle fois le «passage en force du gouvernement sans attendre les expertises».
D'autant que, pour elles, le rapport de l'Anses démontre la «stupéfiante incertitude» sur la 5G avec «beaucoup de questions et peu de réponses». Par ailleurs, le Haut conseil pour le climat avait en décembre mis en garde sur le fait que la 5G était «susceptible d'augmenter significativement» l'empreinte carbone du secteur du numérique, recommandant de mieux évaluer l'impact de futurs sauts technologiques avant leur mise en œuvre. Consciente de ce reproche, l'agence conclut d'ailleurs son avis en souhaitant qu'à l'avenir de telles études sanitaires soient réalisées «préalablement [au] déploiement» de technologies nouvelles.
Aussitôt l'avis de l'Anses rendu, les ministres concernés (Ecologie, Economie, Santé, Numérique) ont publié un communiqué conjoint dans lequel ils se sont félicités d'un rapport qui, selon eux, «conforte les choix du gouvernement sur le lancement de la 5G» et se sont engagés à «renforcer les efforts de recherche sur [...] d'éventuels effets sanitaires» liés aux fréquences, notamment celles de 26 GHz.
De leur côté, les opérateurs télécoms, qui ont déboursé près de trois milliards d’euros pour acheter des fréquences, s'étaient lancés dans le déploiement de la 5G dès les derniers obstacles juridiques levés fin décembre. Dans un communiqué, ils se sont félicités des conclusions «rassurantes» de l'Anses, assurant «souscrire [à ses] recommandations pour des études complémentaires» avant d'espérer un «déploiement, dans un climat apaisé, de cette technologie au service du développement de notre pays».