France

Polémique : Brune Poirson quitte la politique pour le privé, le pantouflage en marche ?

De nombreux internautes dont François Ruffin ont taclé l'ancienne secrétaire d'Etat LREM Brune Poirson, qui a quitté son siège de députée du Vaucluse pour rejoindre le groupe Accor, tout en obtenant un poste dans une mission confiée par Jean Castex.

Dans le jargon, cela s'appelle le pantouflage, le fait que des haut fonctionnaires ou des responsables politiques ayant servi pour l'Etat fassent la navette avec le privé. C'est au tour de l'ancienne députée et secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, d'être épinglée pour cette pratique.

Le 6 avril, la macroniste avait annoncé céder son siège de députée du Vaucluse à son suppléant. Le 16 avril, elle est officiellement nommée directrice du développement durable du géant hôtelier français Accor à compter du 5 mai 2021. Un pantouflage qui ne passe pas vraiment au sein des oppositions. Le député de La France insoumise (LFI) François Ruffin est pour sa part excédé, multipliant tweets et tribunes.

Il a notamment relayé une «astuce» de Jean Castex dévoilée par le média La lettre A, visant à éviter que le retrait de Brune Poirson de l'Assemblée ne provoque une législative partielle : «Jean Castex vient d’avoir recours à une astuce pour éviter la tenue d’une élection législative partielle dans [la] circonscription du Vaucluse [de Brune Poirson]. Le Premier ministre a prolongé de six mois sa mission gouvernementale consacrée à "l'éducation au développement durable", soit jusqu’à fin 2021. Selon le code électoral, toute mission de plus de six mois d’un député entraîne son remplacement automatique par son suppléant à l’Assemblée nationale.» Cela signifie notamment que pendant un mois, Brune Poirson devrait cumuler une étiquette politique dans un comité Théodule et sa nouvelle casquette professionnelle.

François Ruffin s'interroge, alors que la macroniste a été, selon lui, quasiment absente de l'hémicycle durant son mandat de députée : «Aider un jeune qui sort de l’ASE [aide sociale à l'enfance], c’est de l’assistanat. Par contre, une petite mission bidon pour Brune Poirson, avant qu'elle soit recyclée chez Accor avec la bénédiction de Macron, c'est quoi ? La méritocratie? Et Pénicaud à l’OCDE, Buzyn à l’OMS ? L'égalité des chances ?»

La députée LFI, Clémentine Autain estime pour sa part qu'«au pays du pantouflage et du greenwashing, tout devient possible».

Le porte-parole de Génération.s, Thomas Portes, y voit un «cadeau entre amis». «Brune Poirson quitte la politique pour aller chez Accor après avoir touché 7239,91 € bruts par mois (six apparitions au Parlement depuis septembre 2020), mais on prolonge sa mission gouvernementale pour éviter un partielle. Pantouflage et magouille XXL», s'offusque-t-il.

Le député Aurélien Taché, ancien marcheur, ironise : «Tu as raison Brune Poirson, un député de La République en marche est impuissant... alors si tu veux vraiment changer les choses, profite de ton arrivée chez Accor pour y faire intégrer les femmes de chambres exploitées depuis des années par leurs sous-traitants !»

La branche des hôtels de prestige et économiques de la CGT est elle aussi très amère : «Donc Accor qui fait la sourde oreille depuis 21 mois aux revendications des femmes de chambre d'Ibis Batignolles embauche Brune Poirson, ancienne secrétaire d'Etat et députée ! [Il] faut combien de salaires de femmes de chambre pour atteindre celui de Brune Poirson ?»