France

«C'est de l'obscurantisme» : Jean-Luc Mélenchon déplore le non-recours au vaccin russe Spoutnik V

Le député LFI a critiqué à l'Assemblée nationale le choix du gouvernement de ne pas commander le vaccin russe «qui s'appelle Spoutnik, comme le premier satellite», estimant que «l'idéologie dans la crise sanitaire» était «de l'obscurantisme».

Jean-Luc Mélenchon, le patron des députés France insoumise à l'Assemblée nationale, a pointé du doigt le 1er avril l'absence de recours au vaccin russe Spoutnik V de la part des autorités françaises dans le cadre de la campagne de vaccination massive contre le Covid-19.

Le vaccin russe qui s'appelle Spoutnik, comme le premier satellite

Alors qu'il égrenait les différents manquements qu'il reproche à l'exécutif depuis le début de la pandémie de coronavirus, l'élu d'opposition a déploré dans l'hémicycle, en s'adressant aux ministres, que rien n'ait été fait «pour accélérer la campagne de vaccination».

«Et vous continuez à refuser au nom de Johnson & Johnson & Johnson [du nom de l'entreprise américaine qui produit le vaccin Janssen, homologué le 11 mars dans l'UE] le vaccin russe, qui lui a pour nom... qui s'appelle Spoutnik, comme le premier satellite», a-t-il tonné. Prenant à témoin le député LR Eric Ciotti, qui a tenu des propos similaires, Jean-Luc Mélenchon a déclaré : «L'idéologie dans la crise sanitaire, c'est de l'obscurantisme et rien d'autre.»

Le député LFI s'exprimait à la tribune de l'Assemblée nationale dans le cadre du débat sur les nouvelles restrictions annoncées le 31 mars par Emmanuel Macron pour tenter de juguler la troisième vague de Covid-19, à savoir la fermeture pour trois à quatre semaines des établissements scolaires et l'extension à tout le pays des restrictions déjà imposées à 19 départements. Ironisant sur le président de la République – «le meilleur virologue de France et meilleur ami de la modestie» –, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé le timing des mesures annoncées : «Un mauvais poisson d'avril, et comme tous les poissons, il pourrira par la tête», a-t-il lancé. En conséquence, le candidat à la présidentielle 2022 a annoncé que son groupe parlementaire allait «pratiquer un boycott du vote, un boycott d'exaspération».

L'Allemagne prête à utiliser le vaccin dès son homologation, l'Autriche en discussions avec la Russie

Au sujet de l'approvisionnement en vaccins, le chef de file des Insoumis avait déjà appelé le 15 mars à passer commande auprès de la Russie, de la Chine et de Cuba. «Il faut aller à toutes les portes sans faire de l'idéologie», avait-il déclaré sur France Inter, rappelant que le vaccin Spoutnik V «était efficace à plus de 90%».

Ce 1er avril, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes a confié aux sénateurs que Spoutnik V ne pourrait pas être autorisé au sein de l'UE «avant la fin du mois de juin». «Il y a une première étape d'examen [du dossier de validation] qu'on appelle revue scientifique qui sans doute, nous dit-on, s'écoulera au moins jusqu'à la mi-juin», a précisé Clément Beaune devant la Commission des Affaires européennes du Sénat. «Et ensuite il y a une dernière étape qui est l'avis de l'Agence européenne des médicaments (EMA) sur l'autorisation de mise sur le marché, qui prend encore quelques semaines. Donc ce n'est pas un vaccin qui est autorisable vraisemblablement avant la fin du mois de juin», a-t-il ajouté.

Jean-Luc Mélenchon avait affirmé que la France devait se passer de l'aval de l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui doit encore rendre sa décision concernant l'homologation du vaccin russe dans l'UE. «Il faut s'adresser [aux Russes] et dire : "Est-ce que vous pouvez en fabriquer chez nous ?" Ils ont proposé à la France d'agir en commun et les autorités françaises ont refusé», avait-il déploré. 

L'Allemagne a affirmé être prête à utiliser le Spoutnik V, à condition qu'il soit approuvé par l'EMA. De son côté, l'Autriche a annoncé le 30 mars des discussions avec la Russie concernant la livraison d'un million de doses. Le même jour, à l'issue d'une visioconférence entre Angela Merkel, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, le Kremlin a précisé que «les possibles livraisons et la production commune» du Spoutnik V dans les pays de l'Union européenne avaient été abordées.

Lors d'un point presse le 31 mars, la ministre française de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a évoqué le cas du produit russe, déjà autorisé dans 57 pays. «Pour pouvoir livrer les millions de doses promises, il faut déjà mettre en place les chaînes de production», a justifié la membre du gouvernement, selon laquelle quatre à cinq mois sont nécessaires pour réaliser les étapes de «fill and finish», c'est-à-dire de mise en flacon et de conditionnement. La technologie de Spoutnik V reposant sur deux adénovirus, «cela double les ennuis en termes de production, car il faut deux chaînes de production parallèles pour chaque adénovirus», a-t-elle expliqué.