Alors que la première mouture de l'attestation de déplacement dérogatoire pour les 16 départements reconfinés a soulevé de nombreuses critiques quant à sa complexité, le gouvernement a décidé de simplifier largement ce document et, plus globalement, le dispositif d'attestations.
L'attestation applicable entre 6h et 19h dans ces départements pourra en particulier être remplacée en cas de contrôle par un simple document attestant du domicile (y compris une pièce d'identité), pour un déplacement jusqu'à 10 km aux environs du lieu de résidence.
«L’idée est de permettre aux Français d’utiliser une pièce d'identité ou un justificatif de domicile à la place d’une attestation pour justifier du fait qu’ils sont bien à 10 km de leur lieu de résidence», a expliqué une source de Matignon à l'agence de presse, précisant qu'une communication plus détaillée allait suivre.
De nouveaux modèles d’attestation seront mis en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur dans la journée.
Tollé face à la complexité de l'attestation
Dans sa version initiale, l'attestation de déplacement dérogatoire avait été mise en ligne ce 20 mars par le ministère de l'Intérieur sur son site. Elle prenait en compte les nouvelles règles appliquées dans 16 départements dans le but de limiter la propagation du Covid-19. Long de deux pages et agrémenté d'astérisques, ce document a fait l'objet de critiques sur les réseaux sociaux dès le matin du 20 mars, notamment de la part de responsables politiques. Certains y ont vu un symbole «absurde» d'une bureaucratie excessive et d'une «infantilisation» de la population.
C'est ainsi que le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a déclaré sur Twitter que s'il y avait «un concours Lépine de l’absurde et de l’inutile, le ministère de l’Intérieur aurait une bonne chance de décrocher le premier prix avec son chef-d’œuvre bureaucratique».
Le député de La France insoumise Bastien Lachaud a estimé que ce nouveau document était «un symbole de la gestion de crise de Macron» : «Communication creuse, improvisation, incohérence, infantilisation du peuple. Tout ça parce qu'ils sont incapables de donner des moyens à l’hôpital et de vacciner», a-t-il déploré.
Pour le président des Patriotes Florian Philippot, la nouvelle attestation est une «folie […] fruit d’une bureaucratie». Il considère également que ce qu'il appelle les «covidistes» désorientent depuis un an les Français «par des injonctions de plus en plus obscures et contradictoires». «Un peuple déboussolé obéit», conclut-il.
Jean-Baptiste Marteau, journaliste de France 2, a quant à lui estimé que le gouvernement s'était «surpassé» avec ce document qu'il qualifie de «délire administratif made in France».
A ceux qui trouvent cette nouvelle attestation «trop complexe», le journaliste de BFM TV Raphaël Grably rappelle qu'ils peuvent «en écrire une [eux-mêmes]», celle-ci n'ayant «aucune valeur légale», contrairement à ce qui est indiqué sur le site du ministère de l'Intérieur. Le 22 décembre dernier, le Conseil d'Etat avait en effet affirmé que l'attestation de déplacement dérogatoire officielle en vigueur lors des deux précédents confinements n'était pas obligatoire, celle-ci pouvant être remplacée par tout document justificatif.
Une dynamique pandémique s'apparentant à une «troisième vague» pour le gouvernement
Ces nouvelles «mesures de freinage massives» de la pandémie de Covid-19 sont entrées en vigueur ce samedi 20 mars à minuit pour au moins quatre semaines dans 16 départements : les huit d'Ile-de-France, les cinq des Hauts-de-France, la Seine-Maritime, l'Eure et les Alpes-Maritimes. 21 millions d'habitants sont concernés, dont les 12 millions de la région parisienne.
Jean Castex a justifié ces nouvelles restrictions par la dégradation rapide de la situation sanitaire, qui «s'apparente de plus en plus clairement à une troisième vague».
La France a enregistré le 18 mars – jour de l'annonce de ces mesures – près de 35 000 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, tandis que la pression sur les services de réanimation a augmenté avec 4 246 patients (nouveau pic depuis fin novembre). Plus d'un quart sont hospitalisés en Ile-de-France.