Gérald Darmanin a réaffirmé le 16 mars devant le Sénat «toute la volonté» du gouvernement de conserver dans le texte de loi Sécurité globale l'article 24 qui vise à protéger les forces de l'ordre en opération en pénalisant la diffusion d’image du visage ou tout autre élément d’identification des forces de l'ordre.
Dans sa version votée par l'Assemblée nationale – qui a provoqué une levée de boucliers chez les journalistes – l'article 24 modifiait la loi de 1881 sur la liberté de la presse pour réprimer la diffusion «malveillante» d'images des forces de l'ordre. Les sénateurs ont néanmoins choisi en commission d'abandonner toute référence à la loi de 1881, pour créer dans le code pénal un nouveau délit de «provocation à l'identification».
«L'article 24 a été débattu, beaucoup, dans les hémicycles et en dehors des hémicycles», a déclaré le ministre de l'Intérieur à l'ouverture de l'examen en première lecture par la chambre haute de cette proposition de loi. «Je veux redire ici toute la volonté du ministère de l'Intérieur, du gouvernement, de garder une disposition qui n'a rien à voir avec l'article 18 de la loi dite "séparatisme", pour pouvoir protéger les policiers et les gendarmes dans des opérations de police», a-t-il poursuivi.
De nombreux appels à manifester en France ce 16 mars
Gérald Darmanin a finalement indiqué s'en remettre à la «sagesse» des parlementaires «pour pouvoir avoir la meilleure rédaction possible». «Ce débat appartient désormais aux chambres», a-t-il déclaré, insistant toutefois sur la nécessité de garder «le but, essentiel, légitime, important» qui est de «protéger nos policiers et nos gendarmes dans leurs actions».
Dans plusieurs villes de France, des appels à manifestation pour le 16 mars ont néanmoins été lancés par divers organismes et collectifs. A Nantes, plusieurs syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Syndicat des avocats de France…) ont appelé à se rassembler devant la préfecture de Loire-Atlantique. Du côté de Lyon, le collectif Non à la loi Sécurité globale devait se réunir le 16 mars mais la préfecture du Rhône a «purement et simplement pris un arrêté interdisant la marche aux flambeaux déclarée pour ce mardi entre le Palais de Justice et la Préfecture» selon LyonMag.
Pour marquer leur opposition au texte, le 16 mars, des militants de l'organisation altermondialiste Attac ont effectué une action à Paris le 16 mars sur la place de la République, en accrochant sur la statue centrale une photographie du visage du préfet de police de la capitale Didier Lallement surplombée d'un écriteau «Sécurité globale = obscurité totale». Dans la fontaine sous le lion du Monument à la République, des images de requins avec des noms comme Macron, Darmanin ou Castaner ont aussi été installées.