Jusqu'où les remous de l'affaire Duhamel iront faire tanguer le gratin parisien ? Selon les informations de Marianne, le préfet Marc Guillaume, qui était jusqu'en janvier membre du conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), dont Olivier Duhamel était président, a reconnu en février devant la mission d’inspection de l’Education nationale avoir été mis au courant de «problèmes sexuels» contre le politologue en 2018.
«J'ignorais totalement l'existence de tels crimes avant la parution de ce livre et des articles l'annonçant», avait déclaré Marc Guillaume dans un communiqué le 13 janvier 2021, après la révélation au grand public des accusations d'incestes portées contre Olivier Duhamel, qu'il a côtoyé notamment au FNSP, mais aussi en tant que vice-président du club Le Siècle et co-directeur de la revue Pouvoirs fondée par Olivier Duhamel.
Eclaboussé, Marc Guillaume a quitté les fonctions qu'il occupait aux côtés de l'homme d'influence déchu. Il demeure cependant préfet d'Ile-de-France et conseiller d'Etat. Il a par ailleurs été Secrétaire général du gouvernement de 2015 jusqu'à être démis de ses fonctions sur demande de Jean Castex en juillet 2020. Le Point le décrivait alors comme un des «personnages les plus puissants de l'Etat au point d'être qualifié de "Premier ministre bis"».
Selon les informations de Marianne, Marc Guillaume a reconnu avoir été informé par le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, de «rumeurs sur la sexualité d’Olivier Duhamel», mais sans que le mot «inceste» ait été prononcé. L'avocat d'Olivier Duhamel, Jean Veil, aurait ensuite évoqué de «de simples rumeurs» sur le sujet lors d'une discussion avec Frédéric Mion «au printemps 2018», précise Marianne. Les recherches se seraient arrêtées à ce démenti et Olivier Duhamel maintenu à la présidence de la FNSP.
Jean Veil a quitté Le Siècle après l'éclatement de l'affaire, précisant vouloir «protéger» l'institution. S'il a admis avoir été au courant des accusations, il a estimé avoir agi dans le cadre du «secret professionnel des avocats» et n'avoir de ce fait «strictement rien à [se] reprocher».
Frédéric Mion fait l'objet quant à lui d'une campagne interne à Sciences Po réclamant sa démission pour son comportement dans cette affaire. Dans une tribune publiée dans Libérationle 13 janvier, «plus de 700 étudiants, professeurs et salariés de Sciences Po Paris» ont exigé son départ. «Si Frédéric Mion n'est pas capable de réagir avec le sérieux exigé par l'importance de ses fonctions et la gravité des révélations lorsqu'un de ses enseignants est accusé d'actes pédocriminels, il ne peut rester directeur», pouvait-on lire dans le texte. Depuis, plusieurs manifestations se sont tenues devant l'établissement pour maintenir la pression sur le directeur.
Selon Marianne, Marc Guillaume aurait aussi déclaré aux enquêteurs avoir reçu une deuxième alerte en 2019 lors de l'élection d'Olivier Duhamel à la présidence du Siècle. Interrogé directement cette fois-ci, le politologue aurait balayé ces accusations et exclu de démissionner.