France

Le lobby de la viande passe à l'offensive contre l'alternative végétarienne à la cantine

La récente proposition de loi visant à instaurer un plat végétarien alternatif dans les cantines scolaires a fait frémir le lobby de la filière viande, Interbev, qui a envoyé une lettre aux élus français pour leur demander leur soutien.

Afin d'apaiser la polémique portant sur les repas de substitution destinés aux enfants ne mangeant pas de porc, que de plus en plus de mairies refusent de servir au nom du respect de la laïcité, le député Yves Jégo a lancé une pétition visant à imposer une alternative végétarienne dans le menu quotidien des cantines scolaires. Cette dernière a recueilli plus de 140 000 signatures et fort de cette mobilisation, son auteur a déposé le 8 octobre dernier une proposition de loi afin d'imposer cette mesure aux services de restauration scolaire servant plus de 80 repas par jour en moyenne sur l'année.

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Dominique Langlois, président d'Interbev, a réagi à cette proposition de loi en envoyant une lettre aux maires, conseillers généraux et régionaux, ainsi qu'aux députés, soulignant que cette mesure serait une «difficulté supplémentaire» pour la «filière viande française». Or, selon un rapport de la Fédération nationale des syndicats d'exploitations agricoles (FNSEA), «80% de la viande rouge» consommée dans la restauration collective (c'est à dire en incluant les restaurants d'entreprises, les hôpitaux et les prisons), et 87% de la volaille serait d'origine étrangère et importée. Ce chiffre est cependant contesté par le ministre de l'Agriculture, qui le situe plutôt aux alentours de «50-60% de produits d'importation».

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Pour le président d'Interbev, cette «initiative du lobbying végétarien» ne favorise pas «le vivre ensemble en sortant le débat du champ de l'affrontement religieux», mais «sanctionne certains enfants en les obligeant à devenir végétariens». De plus, selon le lobby de la filière viande, ce nouveau menu se substituerait au «repas gastronomique des français classé par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité».

Les repas de cantine respectent-ils les critères fixés par l'Unesco ? Selon l'organisation «le repas gastronomique doit respecter un schéma bien arrêté : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande avec des légumes, du fromage et un dessert».

La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, avait déjà exprimé en septembre son opposition à la proposition d'Yves Jégo, estimant, au même titre qu'Interbev, que les «collectivités ont déjà, pour la plupart, réglé cette question au cas par cas en fonction des caractéristiques locales».

Interbev, contacté par téléphone et par courriel à ce sujet, n'a pas donné suite à nos sollicitations.

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