Il y a un an, l’affaire Mila éclatait sur les réseaux sociaux. En janvier 2020, la jeune fille de 16 ans publie sur Instagram une vidéo où elle exprime : «Je déteste la religion. Le Coran est une religion de haine. Il n’y a que de la haine là-dedans. L’islam c’est de la merde.» Elle est menacée par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, son adresse et le nom de son lycée sont divulgués. Aujourd’hui sous protection policière, elle est en Une du média Le Point. Dans un entretien donné à son sujet, Marlène Schiappa a été interrogée le 23 janvier, invitée à s’exprimer sur l'affaire, ses avancées judiciaires et ses répercussions politiques.
La ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté rappelle que Mila a publié sa première vidéo «parce qu'elle était elle-même victime d'insultes, de remarques homophobes, déplacées, sur le fait qu'elle ait défendu les droits des gays et des personnes LGBT».
Elle explique suivre Mila «avec beaucoup d’attention», et être «régulièrement en contact avec ses parents pour trouver des solutions». Et pour cause, l’adolescente est «menacée même quand elle ne s'exprime pas. Il est important de ne pas blâmer la victime des faits. La victime, dans cette histoire, c'est Mila».
Marlène Schiappa défend que «quand quelqu'un est menacé par un aussi grand nombre de personnes, qui la reconnaissent dans la rue, en vacances, dans les espaces publics», l’Etat doit l’accompagner : «Une protection policière est en place pour elle et ses proches à l'endroit où elle vit.»
Manque de collaboration des plateformes de réseaux sociaux
En 2018, Marlène Schiappa a fait voter une loi qui «permet de poursuivre ceux qui s'en prennent à Mila». «Un article concerne spécifiquement les raids numériques et le cyberharcèlement». Désormais, le projet de loi confortant les principes républicains vise à renforcer «la protection des personnes dont les informations seraient divulguées dans le but de les mettre en danger».
Malgré la mise en place de mesures législatives, la ministre déléguée reconnaît que la coopération entre les acteurs gouvernementaux, numériques et la justice reste insuffisante. «Il faut une plus grande collaboration de la part des plateformes !»
Après la suspension du compte de Donald Trump suite à la prise d’assaut du Capitole à Washington le 6 janvier, «on a vu […] que les plateformes, si elles le souhaitent, sont en mesure de supprimer des profils. Je demande pourquoi elles ont décidé de supprimer le profil d'un président d'une grande démocratie, mais ne suppriment pas les milliers de comptes islamistes qui menacent tous les jours en France, y compris des mineurs, et qui ont un caractère de "danger imminent" au moins aussi fort».
Ces dernières années, on a fermé les yeux sur l'islamisme radical
L’entretien du Point met aussi en cause «la culture du relativisme», «extraordinairement présente» selon Marlène Schiappa, «véhiculée notamment par un certain nombre de groupes, d'associations, d'organisations satellites. C'est pour combattre cela que nous proposons un contrat d'engagement républicain dans le projet de loi pour conforter les principes de la République».
Elle affirme avoir demandé aux préfets et élus locaux de se mobiliser afin de «détecter les associations islamistes et leurs alliés. J'insiste sur ces associations, car il y a celles qu'on connaît (certaines viennent d'être dissoutes, comme Baraka City ou le CCIF)» et d’autres, «des nébuleuses tournant autour d'idéologies islamiques, et qui les défendent sous le couvert d'une vitrine respectable».
Concernant ces organisations islamistes, Marlène Schiappa dresse un constat d’échec : «Ces dernières années, on a fermé les yeux sur l'islamisme radical. Quand un homme refusait de serrer la main d'une femme, on considérait qu'après tout, c'était son droit. Des enfants déscolarisés qu'on ne voyait plus, on s'en est désintéressés. Des associations de loi 1901 qui se transforment en lieux de culte radicaux, on trouvait que c'était folklorique». Elle estime qu’Emmanuel Macron est «le premier président de la République à prendre le sujet à bras-le-corps » en tentant d’agir avec les «imams, avec les représentants du culte, avec les associations, avec l'entrisme, etc».