France

«Lâches» : le père de Mila dénonce dans une lettre la mise à l'écart de l'adolescente par son lycée

Mila, la lycéenne menacée de mort après une vidéo où elle critiquait l'islam, a été exclue temporairement de son établissement. Son père fustige la décision de la direction alors que l'adolescente aurait révélé par mégarde le nom de son lycée.

Dans une lettre publiée par Le Point, le père de Mila, l’adolescente iséroise victime de menaces en janvier après la diffusion d’une vidéo polémique sur l’islam, a fustigé l’«hypocrisie» des institutions après la mise à l’écart temporaire de sa fille de l’internat militaire où elle est rescolarisée.

Si même l'armée ne peut pas la protéger et lui permettre de poursuivre sa scolarité, que pouvons-nous faire, nous, ses parents ?

«Je suis effondré par autant de démission et de lâcheté. Après l’Education nationale, c’est l’armée qui renonce à scolariser une gamine de 17 ans», déplore le père de la jeune fille dans ce courrier intitulé «Lettre à ces lâches».

Le père de Mila estime encore que l’armée s’est «débarrassée» de sa fille «au premier prétexte trouvé» et accuse l’internat militaire où elle a été accueillie de lui avoir imposé «une conduite impossible à tenir» : «On s'est débarrassé de Mila au premier prétexte trouvé […]. Si même l'armée ne peut pas la protéger et lui permettre de poursuivre sa scolarité, que pouvons-nous faire, nous, ses parents ? Ce constat est pour nous un film d'horreur.»

Selon lui, l’internat reproche à l’adolescente d’avoir prononcé le nom de l’établissement où elle est scolarisée dans le plus grand secret au cours d’un «live» sur un réseau social auquel «une vingtaine de personnes assistaient». «En réalité, Mila s’est adressée à un garçon […] en lui demandant s’il était toujours dans ce lycée, sans même mentionner qu’elle y était elle-même scolarisée. Sur ce fondement-là, il a été décidé qu’elle avait été imprudente et qu’elle devait être exclue», a indiqué Richard Malka, son avocat.

Des rappels à l'ordre de la part de la direction ?

Dans le courrier, son père évoque les rappels à l’ordre de la direction de l’internat «à chaque publication de Mila sur les réseaux, même insignifiante» et explique que sa fille, «épiée par des militaires» sur les réseaux sociaux, subissait une «pression incroyable». «Pour elle, la scolarité c’est fini», martèle-t-il, dénonçant le manque «de courage» des institutions, «armée comprise». «Contrairement à vous, colonel, et à tant d'autres, Mila ne se soumettra jamais», tonne-t-il.

Son maintien au sein de l’établissement lui fait courir un risque que l’on ne peut pas accepter

Dans un communiqué, le ministère des Armées a indiqué que «Mila n’a[vait] pas été exclue» et qu’il a été proposé à ses parents qu’elle «poursuive, pour un temps, son enseignement à distance dans un lieu sûr, le temps d’un apaisement de la situation sécuritaire». «Elle reste une élève de l’établissement», mais en raison «d’un certain nombre d’informations dévoilées, […] sur les réseaux sociaux et dans la presse, […] son maintien au sein de l’établissement lui fait courir un risque que l’on ne peut pas accepter, ni pour elle, ni pour les 750 élèves de l’école», juge le ministère.

Une expulsion temporaire critiquée à droite

«Qu’est devenu notre pays qui exclut de l’école la victime, plutôt que les voyous ? Les harcelés, plutôt que les harceleurs ?», s'est interrogé la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen.

Egalement scandalisé par l'annonce de la mise à l'écart de Mila, le député européen RN Philippe Olivier a jugé que cette situation s'apparentait à de la «non-assistance à personne en danger».

Un constat partagé par la sénatrice Les Républicains Valérie Boyer qui s'insurge sur Twitter : «Mila est menacée, protégeons-la et protégeons son avenir.»

Le haut fonctionnaire et ancien membre du Rassemblement national Jean Messiha pointe pour sa part «le troupeau de la diversité islamisée qui continue impunément à la harceler et à la menacer».

En janvier, Mila avait publié une vidéo devenue virale dans laquelle elle proférait de virulentes critiques sur l’islam, déclenchant un déferlement de menaces – qui l’ont contrainte à quitter son lycée – mais aussi de soutiens. Deux personnes ont été condamnées à des peines de prison pour des menaces de mort envers elle. D’autres sont mises en examen dans l’enquête sur les menaces de mort de janvier ainsi que la diffusion de ses coordonnées.