La députée et porte-parole de LREM Laetitia Avia est visée par une enquête depuis l'été dernier pour «harcèlement moral» après des plaintes d'anciens collaborateurs évoquant des humiliations répétées, a appris l'AFP le 19 janvier 2021 de sources proches du dossier.
Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP cette information, précisant que l'enquête avait été ouverte le 9 juillet pour «harcèlement moral» et confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP). Une source proche du dossier a affirmé que certains des plaignants avaient été entendus par les policiers.
«On a voté l'amendement des PD»
Cinq ex-assistants parlementaires accusaient, dans un article de Mediapart de mai, la députée de Paris d'humiliations, harcèlements et abus de pouvoir sur ses collaborateurs et de tenir des moqueries sur le physique, la tenue vestimentaire de militantes ou d'une élue. Sont également cités des propos jugés sexistes, racistes ou homophobes dans ses échanges avec son équipe, comme lorsqu'elle écrit en 2018 après le vote d'un amendement LGBT: «On a voté l'amendement des PD», dans un échange visible dans une capture d'écran diffusée par Médiapart.
Évoquant en retour des «accusations mensongères» et une «manipulation», la députée a porté plainte pour diffamation contre le journaliste auteur de l'article. Joint par l'AFP, l'avocat de la députée, Basile Ader, n'a pas souhaité faire de commentaires.
«Certains [des collaborateurs] sont partis, aucun ne s'est jamais plaint de harcèlement. Presque tous m'ont sollicitée après leur départ, pour me demander des conseils, des recommandations ou simplement me donner de leurs nouvelles – bien loin du tableau mensonger dépeint», avait réagi la porte-parole du parti présidentiel sur Twitter après la parution de ces témoignages. «Des bouts de messages privés ont été tronqués, détournés et décontextualisés», avait-elle ajouté.
La présidence de l'Assemblée et celle du groupe LREM avaient été avisées de l'affaire. La cellule anti-harcèlement du palais Bourbon, lancée en février 2020, avait également été saisie ainsi que la déontologue. Avocate et militante LREM, Laetitia Avia est à l'origine de la loi contre les contenus haineux sur internet adoptée mi-mai et censurée en juin en grande partie par le Conseil constitutionnel qui jugeait qu'elle portait atteinte à la liberté d'expression.