France

Retraites, santé, climat : les grands dossiers qui attendent Macron en 2021

Henri Sterdyniak, membre des Economistes atterrés, a dressé pour RT France le bilan des réformes voulues par Emmanuel Macron, comme celle des retraites et les grands chantiers qui l'attendent en 2021.

Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) et membre des Economistes atterrés s'est exprimé sur RT France le 29 décembre, au sujet des grands chantiers qui attendent le président de la République Emmanuel Macron en 2021. 

Faudra-t-il poursuivre la réforme des retraites interrompue par la crise sanitaire ? Comment repenser notre système de santé, et notamment l'organisation entre médecine libérale et hôpital public ? Comment tenir les engagements climatiques ? 

Autant d'interrogations auxquelles a répondu Henri Sterdyniak sur RT France, le 29 décembre.  

La réforme des retraites «paralysée» par «la crise sanitaire»  

L'économiste souligne que «la crise sanitaire est venue paralyser un certain nombre de réformes», comme celle, par exemple, des retraites et de l'assurance chômage.  

Il estime que la pandémie de Covid-19 et «le choc économique qu'elle a provoqué» ont «balayé» la «grande réforme des minima sociaux avec un revenu universel d'activité».

Dressant le bilan de la politique de réformes menée par Emmanuel Macron, Henri Sterdyniak a expliqué que le projet de réforme des retraites s'est heurté «à la contestation dans la rue [et] aussi au fait que les partenaires sociaux, en particulier les syndicats, au bout d'un certain moment ont refusé de négocier» avec le gouvernement. 

Celui-ci s'est d'ailleurs «englué dans des négociations sectorielles avec les régimes autonomes, les avocats, les médecins [...]qui chacun avaient leurs problèmes [...]», rappelle ensuite l'économiste.    

Ajoutant que cette réforme dans la manière dont elle était envisagée par le gouvernement n'aurait «d'effets qu'en 2037», l'économiste a aussi précisé que ceux-ci «étaient extrêmement progressifs».  

«On ne peut pas compter sur une réforme aussi progressive pour avoir un impact important sur les dépenses publiques», a déclaré le membre des Economistes atterrées. Il considère de plus «que visiblement le gouvernement n'a pas la capacité [de] gérer aujourd'hui» ce «dossier extrêmement compliqué» de la réforme des retraites.   

En effet, il doit faire face à d'autres «problèmes», selon Henri Sterdyniak, c'est à dire «vacciner» les Français et «surtout relancer l'économie».

Il explique ensuite que la réforme de la santé «ne peut pas être mise de côté» et considère qu'«il va falloir [...] que le gouvernement dise clairement : "On change de direction, on arrête la stratégie consistant à dire il faut diminuer les lits d'hôpitaux"».

Estimant qu'«il va falloir dépenser plus pour la santé», Henri Sterdyniak considère qu'«on va être obligé de prolonger, d'accentuer le Ségur de la santé, c'est à dire augmenter les salaires des infirmières, des aides-soignantes, des médecins hospitaliers, pour que le métier devienne plus attractif».  

Il recommande de «repenser aussi l'organisation du système» de santé, en donnant «plus de poids aux centres de santé, aux dispensaires» et en réduisant l'administratif dans les hôpitaux, à l'avantage des médecins et du personnel soignant. 

Les mesures pour le climat pourraient «frapper [...] le mode de vie d'un certain nombre de personnes» 

Revenant ensuite sur l'engagement du président de la République dans la lutte pour le climat, un objectif que celui-ci souhaiterait voir inscrit dans la Constitution à la suite d'un possible référendum, Henri Sterdyniak a soulevé «un problème clair». Citant l'exemple de la taxe carbone, «très difficile à mettre en œuvre», Henri Sterdyniak explique aussi qu'en plus des taxes sur les véhicules lourds et polluants, il faudra aussi «développer massivement la rénovation urbaine» et les transports en commun.  

Un pari pouvant s'avérer risqué, car selon lui, même si ces mesures pour lutter contre le réchauffement climatique peuvent créer des emplois, elles vont aussi avoir un impact sur le mode de vie d'un certain nombre de personnes. 

«Il faut que les Français se préparent à une société [...] plus sobre, ce qui est nécessaire compte tenu des contraintes écologiques», a toutefois conclu l'économiste.