Julien Odoul, élu du Rassemblement National (RN) qui avait qualifié Tariq Ramadan de «violeur» vient d'être condamné à verser 10 000 euros à l'islamologue suisse d'après l'avocat de l'islamologue qui a révélé l'information le 30 novembre 2020.
Mis en examen dans plusieurs affaires pour viols qu'il conteste, Tariq Ramadan a fait condamner l'élu RN pour «atteinte à la présomption d'innocence». Celui-ci l'avait qualifié de «violeur» sur un plateau de LCI, le 13 juillet. «Ces pseudos-féministes ne diront jamais rien contre Tariq Ramadan le violeur» avait accusé Julien Odoul, en réponse au journaliste qui l’interrogeait sur l’émergence de mouvements féministes mobilisés contre le nouveau ministre de l'Intérieur. A l'époque, de nombreuses manifestations se multipliaient en France contre la nomination au gouvernement de Gérald Darmanin, accusé de viol.
L'atteinte portée en l'espèce à la présomption d'innocence de Tariq Ramadan lui a nécessairement causé un préjudice moral
Julien Odoul avait ensuite relayé la vidéo de son intervention dans un tweet : «Je suis gêné par l'indignation à géométrie variable de ces pseudos-féministes qui manifestent contre Gérald Darmanin, présumé innocent, mais qui n'ont jamais manifesté contre Tariq Ramadan ou contre les migrants coupables de viols et d'agressions sexuelles dans notre pays.» Exit donc la présomption d'innocence de Tariq Ramadan, toujours pas condamné pour viol, dans les propos de l'élu RN.
«Atteinte à la présomption d'innocence de Tariq Ramadan par Julien Odoul : Le Tribunal de Paris par décision de ce jour considère cette atteinte caractérisée et le condamne à des dommages et intérêts. Le Tribunal rappelle que Ramadan bénéficie de la présomption d'innocence !», a écrit Pascal Garbarini, l'un des avocats de l'islamologue, sur son compte Twitter.
«Préjudice moral»
Julien Odoul, membre du bureau du Rassemblement national, a donc été condamné le 30 novembre par un juge des référés du tribunal de Paris à verser 10 000 euros à Tariq Ramadan, dont 8 000 euros de dommages et intérêts, selon la décision consultée par l'AFP.
Pour la juge des référés, «l'atteinte portée en l'espèce à la présomption d'innocence de Tariq Ramadan lui a nécessairement causé un préjudice moral en le présentant publiquement comme coupable auprès de tiers». «Commise par un homme politique, élu aux niveaux régional et municipal, elle a nécessairement eu un certain écho durant le temps de sa diffusion», ajoute la juge, constatant que Julien Odoul avait retiré son tweet le 27 juillet.
«C'est une satisfaction que la présomption d'innocence de Tariq Ramadan soit affirmée et que toute atteinte soit sanctionnée», s'est félicité auprès de l'AFP l'avocat Pascal Garbarini. «Nous n'hésiterons pas à poursuivre à chaque fois que cette présomption d'innocence sera bafouée», a-t-il ajouté.
L'AFP rapporte que l'avocat de Julien Odoul n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir.