France

Soutien aux policiers de l'affaire Zecler : Le Pot commun supprime une cagnotte en ligne

Une cagnotte en faveur des policiers mis en cause dans l'affaire Zecler a cumulé 15 000 euros de dons avant d'être supprimée par LePotCommun.fr pour non respect des conditions générales. Le syndicat de police Alliance réfute en être à l'initiative.

Dans une publication sur son compte Facebook, le syndicat Alliance police nationale appelait aux dons le 30 novembre avec ce message : 

«Pour nos collègues Philippe, Pierre et Aurélien de la BTC17 ; Organisé par les collègues du 17ème ; Dans le cadre de la présomption d’innocence, nos collègues du 17ème arrondissement de Paris ont plus que jamais besoin de notre aide pour le volet judiciaire (frais de justice, avocat...) Merci à tous de votre soutien.»

La cagnotte aurait cumulé 15 000 euros de soutien en seulement quelques heures.

Mais selon les informations du site spécialisé ActuPenit, les participants à la cagnotte créée sur LePotCommun.fr en faveur des policiers mis en cause dans l'affaire Michel Zecler auraient depuis reçu un message émanant du site expliquant : «Suite à la demande de notre service conformité, nous vous informons que le pot commun "Pour nos collègues Philippe, Pierre, Aurélien et Hugues" auquel vous avez participé a été supprimé car il ne respectait pas nos conditions générales d’utilisation.» Contactée par RT France, la plateforme n'a pas été en mesure de répondre avant publication.

Mais bientôt, c'est le syndicat de police Alliance qui a été pointé du doigt sur les réseaux sociaux pour avoir supposément été à l'initiative de cette cagnotte et cautionner, de cette façon, les violences dont leurs policiers mis en cause dans l'affaire Zecler sont accusés. Le responsable de la communication numérique de La France insoumise, Antoine Léaument a ainsi déclaré sur Twitter : «Alliance police lance une cagnotte pour les agresseurs de Michel Zecler. Qui jette de l'huile sur le feu ? Qui est ambigu avec la République ? Qui est complice des violences ? Ce syndicat fait honte à la police républicaine. Policiers honnêtes, quittez Alliance !»

Pour faire le point, RT France a interrogé Yvan Assioma, secrétaire national Ile-de-France d'Alliance Police nationale.

Le policier syndicaliste a premièrement souligné que la cagnotte supprimée était «à l'initiative des collègues du XVIIe» arrondissement de Paris et pas du syndicat Alliance. Et il précise : «Nous n'avons fait que relayer sur Facebook, nous ne sommes pas partie prenante. D'ailleurs les collègues nous ont sollicité après la suppression de la cagnotte et nous les avons réorientés vers l'Amicale de la police nationale.» Une autre cagnotte organisée par l'Amicale a donc été mise en place.

Enfin, Yvan Assioma s'indigne au nom de ses collègues parisiens : «Les collègues ont le droit d'être solidaires d'autres collègues​ ou avoir envie de contribuer au soutien de leurs familles !»

Miroir de l'affaire Dettinger ?

Le syndicaliste déplore également le parallèle qui a été dressé entre cette cagnotte et une autre : celle de la famille Dettinger. Pour mémoire, en janvier 2019, la plateforme Leetchi avait clôturé une cagnotte similaire en faveur du Gilet jaune Christophe Dettinger, après son interpellation pour avoir porté des coups à des gendarmes mobiles sous l'œil des caméras lors d'une manifestation. Un combat judiciaire s'en était suivi pour déterminer la destination de la somme cumulée (130 000 euros selon Leetchi, 145 000 selon la famille Dettinger).

A l'époque secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, depuis passée à Beauvau, Marlène Schiappa avait expliqué sur le plateau de Franceinfo qu'il était «souhaitable de savoir qui [avait] donné à cette cagnotte» car, selon elle, il s'agissait d'«une forme de complicité».

En juin 2019, après des plaintes déposées par des donateurs de la cagnotte, la plateforme a dû fournir à la police judiciaire, sur réquisition du parquet, un fichier sur lequel figuraient les noms de 8 000 d'entre eux, dont une centaine ont été convoqués et entendus par des enquêteurs ce même mois.

Antoine Boitel