Les quatre policiers mis en cause dans les violences infligées au producteur de musique Michel Zecler le 21 novembre 2020 ont été mis en examen par un juge d’instruction dans la nuit du 29 au 30 novembre, dans le cadre de l’information judiciaire ouverte. Sur décision du juge des libertés et de la détention, deux ont été placés en détention provisoire, les deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire.
Conformément aux réquisitions du parquet de Paris annoncées par le procureur de la République Rémy Heitz le 29 novembre, trois des agents de police sont donc mis en examen pour «violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP)» et «faux en écriture publique».
Le policier soupçonné d'avoir lancé la grenade lacrymogène dans le studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris où se sont produits les faits a lui été mis en examen plus tôt dans la soirée du 29 novembre, principalement pour des «violences volontaires» par personne dépositaire de l'ordre public sur Michel Zecler et sur les neuf jeunes présents dans le sous-sol du studio.
Rémy Heitz a expliqué les placements en détention provisoire par la volonté «d’éviter un risque de concertation» entre les concernés ou des «pressions sur les témoins».
Me Anne-Laure Compoint, avocate de deux des policiers et Me Jean-Christophe Ramadier, avocat d’un policier, n’ont pas commenté ces mises en cause suite à l’audience du juge des libertés et de la détention qui s’est tenue vers 4h30 du matin. Dans la soirée du 29 novembre, l’avocate de Michel Zecler, Me Hafida El Ali, reprise par l'AFP, s’est dite «satisfaite» des réquisitions du parquet.
Les policiers expliquent avoir été pris de «panique»
Durant leur garde à vue, les trois principaux mis en cause ont fini, face à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), «par admettre que les coups portés n’étaient pas justifiés et qu'ils avaient agi principalement sous l'effet de la peur», comme le rapporte le procureur. Ils prétendent avoir été pris de «panique» en se sentant coincés dans le studio d’enregistrement de Michel Zecler. Selon eux, ce dernier se serait débattu.
Cependant, ils réfutent «avoir tenu des propos racistes». Michel Zecler, lui, avance avoir été traité à de multiples reprises de «sale nègre». Les policiers démentent aussi «le caractère mensonger du procès-verbal».
Les policiers avaient affirmé avoir procédé au contrôle de Michel Zecler pour «absence de port du masque» et parce qu’ils avaient noté une «forte odeur de cannabis». En fin de compte, «0,5g d’herbe de cannabis» ont été trouvés dans une sacoche.
Le 26 novembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dit souhaiter «la révocation» des individus qui ont «sali l’uniforme de la République» une fois que «les faits seront établis par la justice».