France

Macron sur la liberté d'expression : «Je ne vais pas changer mon droit parce qu'il choque ailleurs»

Dans un entretien à une revue géopolitique de l'ENS, Emmanuel Macron a assuré qu'il n'entendait pas laisser des dirigeants politiques et religieux d'une partie du monde musulman exiger que la France modifie son droit à la liberté d'expression.

Dans un long entretien publié ce 16 novembre par la revue en ligne Le Grand Continent (revue éditée par le Groupe d’études géopolitiques, une association domiciliée à l’Ecole normale supérieure), Emmanuel Macron relève : «Il y a cinq ans, quand on a tué ceux qui faisaient des caricatures [dans les locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo], le monde entier défilait à Paris et défendait ces droits.»

«Là, nous avons eu un professeur égorgé, plusieurs personnes égorgées. Beaucoup de condoléances ont été pudiques», relève le chef d'Etat en référence aux attaques islamistes du mois d'octobre à Conflans-Sainte-Honorine et Nice.

A mots comptés, Emmanuel Macron s'en prend également aux autorités de certains pays musulmans, où des manifestations antifrançaises ont été organisées en réaction aux positions de l'Hexagone relatives à la liberté d'expression : «Et on a eu, de manière structurée, des dirigeants politiques et religieux d’une partie du monde musulman, qui a toutefois intimidé l'autre, je suis obligé de le reconnaître, disant : "Ils n'ont qu'à changer leur droit." Ceci me choque [...] Je suis pour le respect des cultures, des civilisations, mais je ne vais pas changer mon droit parce qu'il choque ailleurs.»

Le combat de notre génération en Europe sera pour nos libertés. Elles sont en train de basculer

Et d'invoquer les valeurs européennes, puis la «dignité humaine» : «C'est précisément parce que la haine est interdite dans nos valeurs européennes, que la dignité de la personne humaine prévaut sur le reste, que je peux vous choquer, parce que vous pouvez me choquer en retour. Nous pouvons en débattre et nous disputer parce que nous n'en viendrons jamais aux mains puisque c'est interdit et que la dignité humaine est supérieure à tout.»

Emmanuel Macron n'entend pas baisser les yeux devant un certain confusionnisme et le fait savoir : «Nous sommes en train d'accepter que des dirigeants, des chefs religieux, mettent un système d'équivalence entre ce qui choque et une représentation, et la mort d'un homme et le fait terroriste (ils l'ont fait) et que nous soyons suffisamment intimidés pour ne pas oser condamner cela.»

Le président français annonce enfin un «combat» à mener en Europe à l'avenir : «Le combat de notre génération en Europe, ce sera un combat pour nos libertés. Parce qu'elles sont en train de basculer.»