France

Lille vote un moratoire sur la 5G, le gouvernement se scandalise

Le moratoire voté par Lille sur le déploiement de la 5G est une «tartuferie incompréhensible» venant d'une ancienne ministre, Martine Aubry, selon le secrétaire d'Etat Cédric O. Un rapport de l'Anses sur la dangerosité de la 5G est attendu pour 2021.

Le conseil municipal de Lille a adopté dans la nuit du 9 au 10 octobre un moratoire sur le déploiement de la 5G, un pas de plus dans la fronde d'élus locaux contre la nouvelle génération de réseaux mobiles.

«Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté [...] un moratoire. Il est urgent d’attendre !», a déclaré dans un tweet la maire socialiste (PS) de Lille Martine Aubry.

«Cette décision est une tartuferie incompréhensible venant d'une ancienne ministre, ils ne sont pas au niveau du débat», a réagi le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Cédric O, dans Le Parisien le 11 octobre. «Dire qu'il y a encore des incertitudes sur les fréquences utilisées pour la 5G, c'est mentir aux Français», a-t-il ajouté.

Cédric O a aussi taclé aussi le maire écologiste (EELV) de Grenoble Eric Piolle, également farouche opposant de la cinquième génération de téléphonie mobile qui doit être lancée commercialement d'ici à la fin de l'année. Ils «savent très bien qu'ils ont besoin de la 5G pour éviter une saturation des réseaux qui serait indéfendable devant leurs administrés» a argumenté le secrétaire d'Etat.

Cédric O a en revanche salué l'attitude «infiniment plus courageuse et responsable» de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, soulignant qu'elle refuse un moratoire dans la capitale. Il a également noté que le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, «n'a lui non plus, finalement, pas fait voter un moratoire».

Le ministre a en outre annoncé un plan de contrôle de la 5G, portant sur le niveau d'émission d'ondes électromagnétiques par les téléphones ainsi que par les antennes.

L'ANFR (Agence nationale des fréquences), un organisme indépendant, «va doubler le nombre de contrôles de smartphones en 2021» : elle effectuera «140 contrôles de l'exposition du public aux ondes, c'est-à-dire du débit d'absorption spécifique [DAS] d'un appareil», a-t-il déclaré.

Les smartphones 5G les plus vendus seront ciblés avec des versions logicielles différentes.

Concernant les contrôles d'antennes, il devrait y en avoir «10 000 en 2021», contre 6 500 en 2020 et 3 066 en 2019, dont 4 800 porteront «en priorité» sur les équipements 5G, assure Cédric O, et les «données seront rendues publiques».

Se déclarant «confiant» sur les conclusions du rapport de l'Anses attendu en mars 2021 sur la dangerosité de la 5G, Cédric O signale aussi le lancement «d'études complémentaires sur la bande de fréquence de 26 Ghz [qui] sera la prochaine génération de la 5G déployée d'ici deux à trois ans».