France

Sous la pression, Elisabeth Borne réduit la sanction contre un inspecteur de travail jugé trop zélé

La ministre du Travail Elisabeth Borne a annoncé que la sanction frappant Anthony Smith, serait «aménagée». Celui-ci avait été mis à pied et muté loin de son domicile pour avoir protégé, pendant l'épidémie, les salariés d'une association.

L'inspecteur du travail, Anthony Smith, ne sera finalement pas muté à 200 kilomètres de son domicile comme cela devait être prévu, après une décision le 9 septembre de la ministre du Travail, Elisabeth Borne. Il avait été sanctionné pour avoir désobéi à sa hiérarchie pendant le confinement.

«La ministre nous a indiqué que dans un souci d'apaisement, la sanction serait allégée : notre collègue sera muté dans la Meuse, proche de son ancien département de la Marne, au lieu de Melun, situé à 200 kilomètres de son domicile. En outre, restant dans le Grand Est, il pourra conserver son mandat de représentant syndical de la région», a expliqué le 9 septembre, à l'AFP, Julien Boeldieu, secrétaire général du syndicat CGT du Travail (SNTEFP CGT), à l'issue d'une rencontre avec la ministre.

«La nature de la sanction reste identique. Il s'agit d'une mutation d'office. Toutefois, nous avons décidé de procéder à un aménagement pour tenir compte de ses contraintes personnelles. Le nouveau lieu d'affectation sera voisin de son domicile», précise malgré tout le ministère.

Elisabeth Borne recevait le 9 septembre, en bilatérale, les syndicats pour faire le point après son arrivée au ministère en juillet.

«C'est un recul de la ministre face à la mobilisation», se félicite Julien Boeldieu. L'intersyndicale CGT, FO, FSU et Sud, qui représente plus des deux tiers des agents du ministère selon un communiqué le 9 septembre, avait déposé un recours gracieux sur la sanction frappant leur collègue.

Prochaine étape : le retrait de la sanction contre Anthony Smith

Près de 200 membres de l'inspection du travail se sont rassemblés le 9 septembre devant le ministère pour réclamer le retrait de la sanction, selon la CGT.

Anthony Smith avait été mis à pied en avril en pleine pandémie de Covid-19 en France, puis sanctionné en août avec une mutation d'office à Melun.

Il lui était reproché d'avoir exigé la mise à disposition d'équipements de protection individuelle (notamment des masques) et la mise en œuvre de mesures de protection contre le Covid-19 au bénéfice de salariés d'une association d'aide à domicile du bassin rémois à une époque où les masques, qui faisaient défaut, n'étaient pas obligatoires.

«Nous estimons qu'Anthony Smith n'a fait que son travail en protégeant les salariés et n'a commis aucune faute», souligne Julien Boeldieu, qui réclame toujours l'annulation de la sanction. 

L'intersyndicale va examiner l'opportunité d'aller plus loin, notamment en contestant la sanction auprès du tribunal administratif, après le geste d'apaisement de la ministre, a-t-il conclu.