France

Un camion Lafarge déverse ses eaux usées dans la Seine, une plainte est déposée

Des images montrant des écoulements d'eaux usées dans la Seine provenant d'un camion Lafarge ont été dévoilées par Europe 1. La mairie de Paris a annoncé qu'elle mènerait une action en justice. L’office français de la biodiversité a porté plainte.

Selon une information d'Europe 1 révélée le 1er septembre, l’une des centrales de béton du cimentier Lafarge rejetterait des particules de ciment et des tiges de fibre plastique dans la Seine, dans le quartier de Bercy tout près du ministère de l’Economie. La justice a été saisie du dossier.

Dans une vidéo mise en ligne par une journaliste de la radio, on peut voir ce qui ressemble à un camion malaxeur, ou camion toupie, déverser un liquide au sol. Le flux engendré semble alors se diriger, grâce à un trou dans un mur, directement dans le fleuve.

Emmanuel Grégoire, le Premier Adjoint à la Maire de Paris en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris et des relations avec les arrondissements, a mis en ligne un tweet dans lequel il demande des comptes à l'entreprise et annonce que la mairie a l'intention de déposer une plainte : «Je découvre avec stupeur cette pollution lente qui empoisonne notre fleuve. Des explications s’imposent de la part du gestionnaire du site et une plainte sera déposée.»

L’eau qui coule de la cuve est claire, mais constitue en réalité «un mélange liquide de particules de ciments et de tiges en plastique, qui coule en continu», d'après le média.

«Clairement, c'est volontaire. Dans ces cuves, ce sont toutes les eaux et les restes de béton fabriqué dans la journée qui reviennent dans les camions en fin de journée. Ensuite, la société est censée traiter ses déchets», explique Jacques Lemoine, agent de développement de l'Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA), auprès d’Europe 1. 

L’équipe de l’AAPPMA assure avoir découvert un trou dans la cuve de rétention des eaux usées de l’usine. Lafarge a pourtant l’obligation légale de traiter ses déchets. «Non seulement elle ne le fait pas, mais elle se permet de le rejeter dans la Seine volontairement...», continue Jacques Lemoine.

Pour l'AAPPMA, cette pollution pourrait durer depuis plusieurs années d'après les couches de ciment trouvées sur place.

Plainte de l'office français de la biodiversité 

Repris par Europe 1, l’office français de la biodiversité explique avoir porté plainte. La police a effectué des constatations sur les lieux de rejet et l’affaire a été transmise à la justice pour d'éventuelles poursuites selon la radio.

Cité par la même source, Lafarge se défend en indiquant qu’il s’agit d’«un incident tout à fait exceptionnel et indépendant de sa volonté». Le groupe affirme avoir été «victime d’une détérioration manifestement délibérée d’une plaque d’étanchéité qui a entraîné un écoulement temporaire d’eau recyclée dans la Seine». Mais d'après l’AAPPMA, des pêcheurs auraient signalé les mêmes faits il y a plusieurs années.

Une affaire similaire avait vu une filiale du groupe Vinci condamnée par la justice pour avoir déversé du ciment dans la Seine. Les eaux de nettoyage des cuves des camions toupie étaient déversées dans une grande fosse à ciel ouvert, creusée à même le sol. L’entreprise avait alors dû payer la somme de 50 000 euros.

Un précédent que n'a pas manqué de souligner sur Twitter le secrétaire nationale d'Europe Ecologie - Les Verts, Julien Bayou : «Après Vinci, c'est Lafarge pris en flagrant délit de pollution volontaire de la Seine, en plein Paris. Une pensée pour toutes celles et ceux qui nettoient et protègent nos biens communs quand de grands groupes les saccagent», a-t-il déclaré.