France

Le ministre de la Justice n'est «pas à l'aise» avec l'emploi du terme «ensauvagement»

Le ministre de la Justice s'est dit «pas à l'aise» avec le terme d'«ensauvagement» qu'il n'aurait lui «pas choisi». Il avait été utilisé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour qualifier l'augmentation des actes de délinquance en France.

Dans une interview sur BFM TV, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a commenté l'utilisation du terme «ensauvagement», beaucoup employé ces dernières semaines en France, et notamment par le ministre de l'Intérieur pour qualifier les actes de délinquance qui se multiplient et aboutissent parfois à des drames comme la mort récente du chauffeur de bus Philippe Monguillot à Bayonne ou à celle d'Axelle Dorier à Lyon.

L'insécurité est malheureusement la compagne des gens les plus modestes

«Je ne suis pas à l'aise avec ce terme. C'est un terme que je n'aurais pas choisi», a réagi Eric Dupond-Moretti. «Au-delà du mot, il y a un véritable constat qui est la perte des repères», a-t-il néanmoins concédé. «Moi quand j'étais gamin [...] on se levait quand l'instituteur entrait dans la classe, on laissait sa place aux dames, on n'insultait pas le policier, le chauffeur de bus ou le juge. Il y a une perte des valeurs, une perte des repères», a-t-il déploré.

Je n'ai jamais éprouvé le sentiment d'insécurité

«La sécurité est une liberté dont le Garde des sceaux a la charge», a assuré le ministre, tout en reconnaissant n'avoir jamais «éprouvé le sentiment d'insécurité» grâce aux conditions matérielles favorables dans lesquelles il a vécu. «L'insécurité est malheureusement la compagne des gens les plus modestes», a-t-il reconnu. «Alors il faut réprimer, mais réprimer c'est pas n'importe quoi. C'est réprimer avec humanité et envisager pour ceux qui sont détenus, qui ont été condamnés, une possible réinsertion», a encore argumenté Eric Dupond-Moretti donnant ainsi le cap de sa politique à la tête du ministère.

L'emploi par le ministre de l'Intérieur du terme «ensauvagement» dans un entretien au Figaro le 24 juillet pour évoquer les violences d'une «certaine partie de la société» a suscité un certain remous, certains jugeant le terme associé à l'ultra-droite. Déplorant une «crise de l’autorité», Gérald Darmanin avait déclaré qu'il fallait «stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société» en réaffirmant l’autorité de l’Etat «et ne rien laisser passer», à la veille d'un déplacement à Nice sur le thème de l'insécurité en compagnie du Premier ministre Jean Castex et d'Eric Dupond-Moretti.