L'incendie de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes a suscité une vive émotion dans l'opinion publique, et entraîné une très large couverture médiatique de l'évènement.
Les journalistes, très nombreux le 19 juillet à attendre la sortie du Rwandais placé en garde à vue la veille, étaient prêts à bondir pour l'interroger sur sa possible implication dans le drame.
C'est pour cette raison que, lorsqu'un jeune homme apparemment africain sort du commissariat, une dizaine de journalistes l'entourent de leurs micros pour obtenir une déclaration.
A notre connaissance, une seule chaîne de télévision a, comme on dit dans le jargon, «cassé l'antenne» pour être la première à diffuser les propos du jeune réfugié bénévole pour le diocèse de Nantes. Il s'agit de CNews.
«Je pense que peut-être, c'est pas la bonne personne hein»
«Priorité au direct avec l'individu qui a été interpellé qui est au micro de Marion Delpech et de Charles Guyard pour CNews écoutez.» C'est ainsi que le présentateur Patrice Boisfer introduit les images d'un jeune homme que l'on voit désemparé devant les nombreux micros qui lui sont tendus.
Sauf qu'un silence s'ensuit. Un très long silence. Puis les journalistes, voyant que l'individu ne pipe mot face à leurs questions, commencent à retirer leurs micros avant qu'un de leur confrère n'en déduise : «Je pense que peut-être, c'est pas la bonne personne hein».
La retransmission est alors coupée, laissant voir le visage déconfit du présentateur de CNews en plateau, qui prend alors conscience de la bourde qui vient d'être commise.
La séquence, diffusée par le compte Twitter @BalanceTonMédia spécialisé dans les dérapages médiatiques, a été vue plus de 1,2 million de fois.
Face aux nombreuses réactions d'internautes indignés, Patrice Boisfer s'est excusé pour «cette séquence qui [lui] serre le cœur».
Le bénévole du diocèse âgé de 39 ans a finalement été remis en liberté le 19 juillet sans aucune poursuite.
Les enquêteurs souhaitaient entendre cet homme «sur les conditions de fermeture de la cathédrale», avait souligné le procureur le 18 juillet. «Il faut rester prudent quant à l'interprétation de cette garde à vue, c'est une procédure normale», avait-il insisté.