France

Critiques sur la nomination de Darmanin à l'Intérieur : Castex dénonce des «dérives»

Défendant le droit à la présomption d'innocence, le nouveau Premier ministre a dénoncé les «dérives [...] inadmissibles» que constituent selon lui certaines critiques visant la nomination de Gérald Darmanin, accusé de viol, à l'Intérieur.

«Monsieur Darmanin a droit au respect des principes de la République, comme tous les citoyens. Nous assistons à des dérives qui sont inadmissibles, je le dis ici avec solennité et gravité». Lors des questions d'actualité, le 15 juillet au Sénat, le Premier ministre Jean Castex a volé au secours de Gérard Darmanin, visé par une enquête après des accusations de viol, et dont la nomination au ministère de l'Intérieur est vivement critiquée, notamment par des militantes féministes.

Des critiques relayées par la sénatrice socialiste Murielle Cabaret. Celle-ci a ainsi reproché au Premier ministre son «soutien sans faille au ministre de l'Intérieur, sans même attendre la fin de la procédure judiciaire», ce qui constitue selon elle «une erreur éthique et politique d'une violence symbolique inouïe».

Défense des «principes fondamentaux de l'Etat de droit»

Le Premier ministre a rétorqué qu'il ne défendait pas Gérald Darmanin mais «les principes fondamentaux de l'Etat de droit». «C'est en mon âme et conscience que j'ai fait cette proposition [de le nommer ministre de l'Intérieur]», a-t-il encore ajouté. La veille dans les colonnes du Parisien, Jean Castex avait assuré que s'il était démontré qu'il s'était trompé, il en «tirerait les conséquences».

Le ministre de l'Intérieur s'est pour sa part, au micro d'Europe 1 le 16 juillet, dit victime d'une «calomnie». «Je ne souhaite à personne d'être accusé à tort et je ne souhaite même pas à mon pire ennemi d'être victime de la chasse à l'homme à laquelle je suis aujourd'hui l'objet», a-t-il déclaré.

Je ne souhaite à personne d'être accusé à tort

Sur la chaîne d'information LCI, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté et ancienne secrétaire d'Etat à l'Egalité hommes-femmes a vigoureusement défendu son ministre de tutelle, soutenant qu'«on est en fait au-delà de la présomption d'innocence», à la suite des précédentes décisions de justice.

Pour rappel, une femme nommée Sophie Spatz accuse depuis 2017 Gérald Darmanin de l'avoir violée en 2009. Celui-ci avait bénéficié d'un non-lieu en 2018 dans ce dossier, mais en 2019 la Cour de cassation avait finalement demandé début juin de nouvelles investigations. La cour d'appel de Paris avait finalement ordonné, le 9 juin, la reprise des investigations concernant cette accusation. Gérald Darmanin de son côté a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec cette femme, mais, selon lui, librement consentie.

Une tribune publiée le 15 juillet dans Le Monde par un un collectif de 91 «militantes, intellectuelles, femmes politiques féministes», issues de «plus de trente-cinq pays du monde», a critiqué les nominations d'Eric Dupond-Moretti à la Justice et Gérald Darmanin, accusées de discréditer «les ambitions françaises de promotion des droits des femmes». Ce remaniement, selon les signataires, «représente un virage politique antiféministe, dont la portée dépasse largement les frontières de la France», et «vient renforcer le "backlash" [retour de bâton] contre les femmes, en violation des droits fondamentaux». 

Eric Dupond-Moretti se voit pour sa part reprocher par les signataires des propos« ouvertement sexistes, remettant en question les souffrances des femmes et témoignant de sa méconnaissance et de son incompréhension flagrantes des dynamiques de pouvoir entre les hommes et les femmes».