France

«Vous êtes mon employé Monsieur le président»: Macron interpellé par des Gilets jaunes aux Tuileries

En balade au jardin des Tuileries le 14 juillet, Emmanuel Macron a été surpris par un groupe de Gilets jaunes sortant de manifestation qui, l'apercevant, l'ont chahuté de longues secondes en réclamant sa démission.

Alors qu'il se promenait avec son épouse au jardin des Tuileries, non loin du palais de l'Elysée, Emmanuel Macron a été interpellé par des Gilets jaunes le 14 juillet en début de soirée. La scène a été filmée par plusieurs d'entre eux et postée sur les réseaux sociaux.

Tu vas virer ! Tu vas virer !

Ces Gilets jaunes qui, selon leur propos, revenaient de la manifestation pour le sauvetage du service public, qui s'est terminée par des tensions avec les forces de l'ordre sur la place de la Bastille, en ont d'abord profité pour scander au président leur fameux slogan : «Macron démission !». Ils ont également chanté leur air de ralliement : «On est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là !»

Tandis que la garde rapprochée du président tente de les éloigner, l'un des hommes s'exclame avec stupéfaction : «C'est incroyable, on tombe sur la bête noire». Le petit groupe de Gilets jaunes se met alors à suivre le couple présidentiel, couvrant par ses huées les appels au calme du président qui décide de venir leur parler. «Je vous souhaite un bon 14 juillet, vous pouvez vous égosiller, il y a une démocratie», lance-t-il souriant. Mais les manifestants, qui n'entendaient pas rater une telle occasion de se faire entendre, poursuivent leurs invectives : «Tu vas virer !», s'entend-il rétorquer.

Ils en ont ensuite profité pour interpeller le locataire de l'Elysée au sujet des violences policières, l'un d'eux lui demandant de «virer la Brav», ces brigades de répression de l'action violente motorisées, composées de policiers et de gendarmes et placées sous le contrôle de la préfecture de police de Paris. Ces unités à moto ont notamment été mobilisées pour intervenir lors des manifestations des Gilets jaunes.

«Pourquoi vous avez remis la Brav ? c'est des violents», lui crie l'un des hommes qui filme, ce à quoi Emmanuel Macron répond que ce n'est «pas le président de la République qui fait ça» et qu'«il y en a chez vous [Gilets jaunes] qui sont violents». 

«Je n'arrive même pas à le maudire»

«Mais soyez cool, ne criez pas», demande alors le président, souriant, afin de détendre l'atmosphère. «On n'en peut plus, ça fait 18 mois qu'on est cool», lui répond l'un des manifestants, «on a respiré du gaz à mort y a une heure», lui dit un autre qui filme, allusion à la fin de la manifestation parisienne pour l'hôpital marquée par des heurts avec les forces de l'ordre. «Vous n'êtes pas des modèles de respect non plus», lui réplique Emmanuel Macron. «Il y en a chez vous qui sont violents [...] Les gens, ils en ont marre des samedis», poursuit-il, en allusion aux manifestations des Gilets jaunes qui se tiennent chaque samedi depuis le 17 novembre 2018.

«Mais vous savez qu'il y a des problèmes», rétorque un Gilet jaune, en citant «le pouvoir d'achat, la justice fiscale» mais aussi l'affaire Balkany et la réforme des retraites. «Pourquoi la police s'est mise là ? Parce que vous n'avez pas fait que manifester, ça a cassé massivement», fait valoir le président, sous les protestations du petit groupe qui lui lance : «Tu vas pas dans les manifs !». «Le sentiment d'injustice, je l'entends», concède le chef de l'Etat. 

«On est un jour férié, je me balade avec mon épouse et vous m'interpellez», tente ensuite de faire valoir Emmanuel Macron. «Vous êtes mon employé Monsieur le président !», lui répond un des manifestants du tac-au-tac.

Visiblement ravis d'avoir pu parler au chef de l'Etat, des Gilets jaunes finissent par remercier le président d'avoir pris le temps d'échanger avec eux, alors que l'un d'entre eux s'écrie sur un air contrarié : «Je n'arrive même pas à le maudire». «Tant mieux !», lui répond le chef de l'Etat, en retournant sur ses pas.

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a reconnu dans son interview télévisée être l'objet d'une «détestation» par certains, alimentée selon lui par ses «maladresses».