François Asselineau a été réélu à la présidence du parti qu'il a fondé, quelques mois après qu'une polémique entourant sa personne a éclaté. Il fait en effet l'objet d'accusations et d'une enquête pour «harcèlement sexuel» et «agression sexuelle» – des accusations que l’intéressé dément formellement et qu'il qualifie de «calomnies».
Dans un communiqué publié à l'issue d'une journée de congrès national, ce 11 juillet, l'Union populaire républicaine (UPR) a annoncé le résultat de l'élection du président et du bureau national pour la nouvelle mandature du parti, qui milite pour la sortie de la France de l'Union européenne depuis 2007. La liste de François Asselineau l'emporte ainsi largement avec 74,3% des votants, suivie de celle menée par Philippe Conte avec 16,6% et celle de Sylvain Fontaine avec 4,8%. Le vote blanc a recueilli 4,3% des voix. Le corps électoral était constitué de 12 743 adhérents ; 8 142 d'entre eux ont effectivement voté (47% des inscrits).
Le scrutin, précise le site du parti, «a été organisé par une société extérieure spécialisée, sous le double contrôle d’un huissier de justice et d’un Bureau de vote dont les trois membres représentaient les trois listes en compétition».
Démissions de cadres du parti
Philippe Conte est l'un des signataires de la lettre de cadres du parti appelant François Asselineau à démissionner de la présidence du parti, qui avait fuité dans les médias en avril. Il a reconnu sa défaite, tout en accusant sur Twitter le fondateur de l'UPR d'avoir «gardé la main-mise sur le principal média du parti» durant la campagne.
Après l'officialisation des résultats, Philippe Conte a annoncé à l'AFP qu'il allait démissionner du parti ainsi que de «nombreux cadres» selon lui. Il s'est dit désireux de rejoindre la mouvance qui a émergé autour de la revue Front populaire de l'essayiste et philosophe Michel Onfray. Il considère que François Asselineau ne pourra pas réunir les 500 signatures pour être candidat à la présidentielle de 2022, qu'il soit «innocent ou coupable» des accusations de «harcèlement sexuel» et «agression sexuelle» portées contre lui.
Charles-Henri Gallois, une des figures du parti, a également annoncé sa démission immédiate. Il a appelé ceux qui le souhaitent à le contacter en vue d'un «rassemblement des souverainistes».
Contactée par RT France, Zamane Ziouane, n°2 de la liste UPR aux dernières élections européennes, a également annoncé qu'elle quittait le parti, assurant en outre qu'ils étaient nombreux, parmi ses camarades, à avoir «évidemment l'intention de poursuivre [leur] engagement pour le Frexit et la démocratie» en-dehors de l'UPR. Ces dissidents entendraient s'inscrire dans un «mouvement citoyen, sans aucune étiquette politique, ni représentant monocéphale, avec des actions de terrain concrètes et une vraie stratégie de sensibilisation et de mobilisation des Français», explique Zamane Ziouane qui souhaite surtout un «mouvement rassembleur» pour les citoyens souverainistes.
Sylvain Fontaine, tête de la troisième liste ayant recueilli 4,8% des voix, ne faisait pas partie des signataires de la lettre appelant François Asselineau à démissionner, mais avait tout de même publié une vidéo le 6 juillet dans laquelle il affirmait : «Nous n'avons pas voulu ce congrès le 11 juillet, nous l'avons écrit, nous n'avons pas été écoutés. François Asselineau a précipité ce congrès contre l'avis du Conseil national et contre notre avis. Il l'a fait car il veut un duel entre lui [...] et l'autre partie des instances dirigeantes qu'il qualifie de putschistes.»
Accusations de harcèlement : une «tentative de déstabilisation», selon Asselineau
Visé par une enquête pour «harcèlement sexuel» et «agression sexuelle», le président de l'UPR François Asselineau, ancien candidat à la présidentielle – qui a réuni 0,92% des voix en 2017 –, avait pris l'initiative de convoquer le Congrès en urgence après la diffusion en avril, dans la presse et sur les réseaux sociaux, d'accusations de harcèlement sexuel à son encontre, suivie du dépôt de deux plaintes. Une quarantaine de cadres du mouvement avaient affirmé, dans une lettre datée du 18 avril et rendue publique par Le Figaro, que «des faits d'une exceptionnelle gravité [avaient] été portés à la connaissance des membres du bureau national». Ces allégations concernaient supposément «l'existence de relations particulières et plus qu'insistantes» de la part de François Asselineau à l'égard de collaborateurs de l'UPR et qui ont «été source de graves souffrances psychologiques», selon les signataires de la lettre, qui réclamaient la démission du président du parti.
François Asselineau a formellement démenti ces accusations et dénoncé une «tentative de déstabilisation» interne.
«Il n’aura pas fallu 72 heures entre une attaque interne, aussi violente que soudaine, menée par quelques cadres de l’Union populaire républicaine (UPR) contre son président, et la publication de ces mêmes attaques dans Le Figaro», déplorait le président du parti le 21 avril sur Facebook, dénonçant «une opération rondement menée par des taupes au sein de l’UPR, travaillant pour d’autres partis politiques ou pour leur intérêt personnel».
Le parquet de Paris a ouvert le 15 mai une enquête préliminaire visant François Asselineau des chefs de «harcèlement sexuel» et «agression sexuelle», rapporte l'AFP. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).