France

Marche blanche à Bayonne : des héros de la crise sanitaire «se font massacrer par des crapules»

A Bayonne, 6 000 personnes tout de blanc vêtues ont défilé dans les rues pour faire part de leur soutien aux proches de Philippe Monguillot, un chauffeur de bus en état de mort cérébrale après une violente agression.

Quelque 6 000 personnes vêtues de blanc ont participé le 8 juillet au soir à une marche en hommage au chauffeur de bus violemment agressé à Bayonne, défilant derrière l'épouse et les trois filles de la victime.

Le cortège est parti vers 19h30 de l'arrêt de bus où Philippe Monguillot, 59 ans, a été roué de coups et grièvement blessé à la tête le 5 juillet et a rallié l'hôpital où celui-ci se trouve toujours dans un état de mort cérébrale.

«Mon mari n'a pas encore perdu la vie, son cœur bat, sa tête ne répond plus», a déclaré son épouse Véronique, 52 ans, précisant : «On s'accroche à un espoir minime. Je suis un peu perdue, je ne veux pas d'acharnement mais on essaye. Encore 48 heures, après on verra.»

«Cette marée humaine c'est important, c'est un soutien incroyable», a-t-elle ajouté, très émue, plusieurs fois aux larmes, par les nombreux applaudissements et marques de soutien, notamment de la part des passants et à l'arrivée à l'hôpital, en fin de cortège, les personnels hospitaliers étaient également aux fenêtres pour applaudir.

Les chauffeurs de bus en grève

A l'appel de l'intersyndicale nationale des Transports publics urbains de voyageurs, une minute d'arrêt des transports en commun devait être observée dans plusieurs villes de France à l'heure du début de la marche blanche, notamment à Bordeaux, Rennes, Nantes, Strasbourg et Mulhouse.

L'agression de Philippe Monguillot a suscité une très vive émotion parmi ses collègues, qui ont exercé leur droit de retrait le 6 juillet au matin et assurent qu'ils ne reprendront pas le travail «avant les obsèques».

Une agression «d'une extrême violence»

Selon le parquet de Bayonne, le chauffeur de bus a été victime d'une agression «d'une extrême violence» alors qu'il voulait contrôler le ticket d'une personne et exigeait le port du masque pour trois autres.

Agés de 22 et 23 ans et connus des services de police, deux hommes soupçonnés d'avoir porté les coups ont été mis en examen pour tentative d'homicide volontaire et écroués.

Deux autres individus, des trentenaires, ont été écroués et mis en examen, notamment pour «non assistance à personne en danger».

«Le délinquant n'est pas un martyr, c'est un ennemi de la société», tonne un porte-voix des policiers en colère

Interrogé par RT France, l'ancien commandant de police et porte-parole de l'association de policiers en colère UPNI, Jean-Pierre Colombies a comparé cette affaire à celle d'Adama Traoré, décédé après son interpellation à Beaumont-sur-Oise en 2016, mais l'a également rapprochée de celle de la mort de la gendarme Mélanie Lemée, 25 ans, tuée le 4 juillet par un délinquant au casier chargé, roulant sans permis et sous l'emprise de la cocaïne, selon les premiers éléments de l'enquête. «On le voit bien, avec l'affaire de Bayonne, on ne met pas l'émotion au même niveau. On se mobilise au niveau national pour un délinquant comme Adama Traoré, mais pour une jeune gendarme et un chauffeur de bus, on nous dit en substance : "c'est triste", mais bientôt, ils passent à autre chose... Alors que la mort d'une crapule provoque un débat de société ! Les hommages pour cette gendarme et le chauffeur de bus devrait être nationaux. On a célébré des héros pendant la crise sanitaire ? Mais ce sont ces gens qui se font massacrer par des crapules ! Arrêtons l'hypocrisie... Le délinquant n'est pas un martyr, c'est un ennemi de la société», s'est-il indigné.

On a célébré des héros pendant la crise sanitaire ? Mais ce sont ces gens qui se font massacrer par des crapules !

Et de déplorer : «Nous assistons à la banalisation d'un geste criminel gratuit, c'est effrayant et certains iront encore leur chercher de excuses à ces tueurs, alors que le chauffeur de bus était justement un prolétaire qui faisait son travail, il n'y a aucune justification sociale à cette situation. Moi-même, j'ai grandi dans les barres d'HLM des quartiers nord de Marseille et je n'ai pas sombré dans la délinquance.»