France

Bayonne : un chauffeur de bus en état de mort cérébrale après une agression

Quatre personnes sont mises en examen après l'agression d'un chauffeur de bus à Bayonne. Choqués, des collègues de la victime - actuellement en état de mort cérébrale - ont fait valoir leur droit de retrait. Ils ont reçu le soutien d'élus locaux.

Un chauffeur de bus du réseau de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), agressé le 5 juillet dans la soirée par plusieurs personnes, est en état de mort cérébrale, a appris l'AFP le 6 juillet de source policière. 

Un suspect a été interpellé le jour même peu après les faits et quatre autres individus ont été mis en garde à vue le 6 juillet, a appris l'AFP auprès du procureur de Bayonne.

Toujours selon l'AFP, le chauffeur quinquagénaire a été roué de coups et grièvement blessé à la tête pour avoir refusé l'accès au bus à un individu sans masque et accompagné d'un chien. Le chauffeur ayant demandé dans la foulée à quatre passagers sans masque, qui se trouvaient déjà dans le bus, d'en descendre. Les faits se sont passés aux alentours de 19h30.

Le conducteur de ce «Tram'bus», un long véhicule articulé, était inconscient au moment de sa prise en charge par les secours. Il a été transporté dans un état très grave au centre hospitalier de la côte basque à Bayonne.

Le réseau de bus Chronoplus, qui dessert les villes de Bayonne, Biarritz et Anglet, est fortement perturbé par un mouvement de retrait du personnel, avec au moins 9 lignes à l'arrêt selon le site internet du réseau. De nombreux bus n'ont pas quitté le dépôt, où plusieurs dizaines de chauffeurs ont exprimé leur tristesse et leur colère. Ils ont fait valoir leur droit de retrait dès 5h du matin, et ont assuré qu'ils ne reprendraient pas le travail «avant les obsèques» de leur collègue agressé.

Les maires de Bayonne et d'Anglet aux côtés des collègues de la victime

Le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray (UDI) et celui d'Anglet Claude Olive (Les Républicains), ont déclaré «comprendre» l'action des salariés des transports locaux. Les deux élus, qui sont également respectivement président de l'agglomération Pays basque, et président du Syndicat des mobilités Pays basque, se sont rendus le matin du 6 juillet au dépôt pour rencontrer des représentants syndicaux et la direction du délégataire Kéolis.

Nous avons assisté à un acte particulièrement violent et barbare

Ils ont pris la parole devant les salariés, en assurant notamment leur pleine «solidarité». «Nous avons assisté à un acte particulièrement violent et barbare», a déclaré Jean-René Etchegaray, qui a déclaré espérer «que les auteurs soient traduits en justice et que la sanction soit sévère» de manière à envoyer «un signe significatif à toute la population».

«S'ils veulent stopper les transports jusqu'aux obsèques de Philippe [le conducteur agressé, Ndlr.], on peut le comprendre et on s'associe à cette revendication légitime. Je ne vais pas juger ça. Philippe était une belle personne, qui ne laissait personne indifférent», a pour sa part indiqué Claude Olive.

Un «acte barbare»

L'information, rapidement relayée sur la toile et notamment sur Twitter, a scandalisé des représentants politiques de tous bords.

«La justice ne doit pas trembler», a estimé Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), qui a dénoncé un «acte barbare». «Le monde du travail est [toujours] le plus exposé dans un monde hyper violent», a-t-il par ailleurs estimé. 

La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen a également réagi sur Twitter : «L'ensauvagement tue chaque jour dans l'indifférence des pouvoirs publics. Révoltant ! ». 

L'enquête a été confiée au commissariat de Bayonne.

Quatre mises en examen 

Le 7 juillet, le procureur adjoint Marc Mariée a annoncé que le parquet de Bayonne avait demandé la mise en examen de quatre personnes (dont deux pour tentative d'homicide volontaire) et leur placement en détention. 

Il a par ailleurs détaillé la scène, expliquant que le chauffeur avait été poussé hors du bus et avait reçu «de violents coups de pieds et de poings dans la partie haute du corps et notamment vers sa tête». Il a par ailleurs déclaré que «rien n'explique cette extrême violence».

Les deux autres mis en examen le sont pour «soustraction de criminel à l'arrestation et aux recherches et non-assistance à personne en danger» et l'autre, pour «non-assistance à personne en danger». Âgés de 22 et 23 ans, ils sont connus des services de police.

Le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari s'est rendu à Bayonne dans la soirée du 7 juillet pour échanger avec des chauffeurs de bus de Chronoplus, le réseau de transports en commun qui dessert l'agglomération de Bayonne/Anglet/Biarritz.