Si le gouvernement du nouveau Premier ministre Jean Castex annoncé le 6 juillet a réservé quelques surprises, les nouveaux membres, qui vont travailler ensemble dès à présent, n'ont pas toujours été prêts pour cela. Certains se sont en effet opposés publiquement au cours de leur vie passée, tandis que d'autres ont changé drastiquement d'avis sur leur avenir politique.
Les khmers verts au pouvoir : on a bien vu, on n'en veut plus !
Les nouveaux ministres de l'Intérieur et de la Transition écologique, respectivement Gérald Darmanin et Barbara Pompili, se sont notamment apostrophés sur Twitter en 2015.
S'adressant à Barbara Pompili, alors coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin lui avait lancé : «Les khmers verts au pouvoir : on a bien vu, on n'en veut plus !»
Quelques instants plus tard sur le même réseau social, l'écologiste lui avait répondu du tac au tac : «Je place le débat au niveau de ce qu'il devrait être : quelles politiques pour être utiles aux citoyens. Vous faites du caniveau.»
Précédemment, en mars de la même année, Olivier Véran, alors député PS de l'Isère, s'en était lui aussi pris à Gérald Darmanin à la suite d'un accrochage de ce dernier avec Manuel Valls, alors Premier ministre, lors d'une séance à l'Assemblée nationale : «[Gérald] Darmanin mouché par [Manuel] Valls après ses attaques odieuses contre [Christiane] Taubira. Moralité : qui fait le [Dar]malin tombe dans le ravin !». À noter que Gérald Darmanin et Olivier Véran ont tous deux déjà cohabité dans le gouvernement précédent, quand ce dernier a remplacé Agnès Buzyn au ministère de la Santé à la mi-février.
Que voulez-vous que j'aille faire là-bas ?
Côté nouveaux arrivants, la tout juste nommée ministre de la Culture Roselyne Bachelot, semble être revenue sur son retrait de la vie politique. Interrogée le 10 septembre 2017 par Laurent Ruquier sur son potentiel retour en politique au cours de l'émission On n'est pas couché (France 2), cette dernière avait répondu : «Jamais. Jamais. J'ai pris cette décision bien avant 2012. J'en avais fixé l'échéance et je respecte en général mes engagements.»
Personne n'aura jamais l'idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer ça [...] moi, franchement, je n'accepterai jamais un truc pareil !
Même revirement chez le nouveau garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti qui, sur le plateau de LCI au mois d'avril 2018, avait peiné à contenir un généreux éclat de rire face à la journaliste Audrey Crespo-Mara qui l'interrogeait sur sa volonté d'occuper, si on lui proposait un jour, le poste de ministre de la Justice. «Non ! Vous voulez que je vous le signe ?» avait alors répondu l'avocat amusé, avant d'enfoncer le clou : «D'abord, personne ne me le proposera et ce serait un bordel, mais alors... Personne n'aura jamais l'idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer ça. Et moi, franchement, je n'accepterai jamais un truc pareil ! Ce n'est pas mon métier, il faut en avaler des couleuvres [...] C'est un exercice dont je n'ai pas les compétences et puis je n'aimerai pas faire ça.»
Durant une autre interview, accordée le même mois à l’hebdomadaire Marianne, le ténor du barreau n'avait cependant pas caché sa sympathie pour le président de la République. «J'aime bien ce Macron. Il est jeune. Il arrive de nulle part. Il a fracassé de vieux concepts et clivages qui méritaient de l'être», avait-il déclaré. «Il a choisi un opposant politique comme Premier ministre, ça a beaucoup d'allure : si les gens intelligents peuvent se réunir, je trouve que c'est pas mal», avait-il ajouté.
«Il a redonné à la présidence un certain lustre. Et je trouve que Brigitte Macron est une fille brillantissime. Après, j'arrête, je ne veux pas être traité d'hagiographe de Macron !», déclarait-il encore dans les colonnes de Marianne.