Grégory Doucet est devenu le 4 juillet le premier écologiste à diriger la mairie de Lyon, entérinant le départ d'un Gérard Collomb beau joueur malgré une cuisante défaite aux municipales, qui a sonné le glas de près de 20 ans de pouvoir dans la capitale des Gaules.
«Je ne ménagerai ni mon énergie, ni ma détermination pour être digne de la confiance qui m'est ainsi accordée», a promis Grégory Doucet, cadre humanitaire de 46 ans, seul candidat déclaré lors d'un conseil réuni exceptionnellement à huis clos – en raison de la pandémie de Covid-19 – sous les dorures d'un vaste salon de l'hôtel de ville.
«Nous ne sommes pas là pour détruire mais pour construire», a voulu rassurer le nouveau maire, élu comme attendu avec 51 voix sur 73. Et d'ajouter : «Nous pensons que la ville peut devenir inspirante, qu'elle peut briller par son exemplarité et un engagement précurseur dans l'atténuation et l'adaptation au changement climatique.»
L'absence de dix élus de la majorité
Cette session d'installation, dont le climat très serein a tranché avec les joutes parfois féroces des municipales, a néanmoins été quelque peu assombrie par l'absence de dix élus de la majorité, placés en quatorzaine après la contamination de l'un d'eux au nouveau coronavirus.
A l'ouverture des débats, Gérard Collomb a précisé que la préfecture avait jugé qu'il n'y avait pas lieu de reporter le conseil. Mais par respect des consignes sanitaires, le sortant n'a pas passé l'écharpe à son successeur. Il la lui a simplement remise.
Digne dans sa dernière sortie en tant qu'édile malgré sa lourde défaite du 28 juin, le maire sortant a adressé d'emblée aux élus écologistes ses «plus vives félicitations». «Même si la participation a été extrêmement faible, votre victoire est large et sans discussion, et témoigne des inquiétudes de nos concitoyens et des plus jeunes» sur l'avenir de la planète, a-t-il ensuite estimé.
«Nous n'héritons pas de Lyon, nous l'empruntons pour nos enfants»
Face à ses adversaires et détracteurs de longue date, l'ancien ministre de l'Intérieur n'a pas non plus montré de rancœur. Il a surtout tenu à remercier les collaborateurs et élus avec lesquels il a travaillé, assurant que Lyon avait «donné un sens» à sa vie.
Puis, à l'adresse de cette nouvelle majorité largement féminisée et rajeunie (seulement 16 élus ont conservé leurs sièges), le baron lyonnais a lancé un dernier avertissement : «Suivons vos convictions, mais en privilégiant toujours l'intérêt général des Lyonnaises et des Lyonnais.»
«Nous ferons avec eux et grâce à eux, ensemble», a répondu Grégory Doucet, avant de saluer son prédécesseur et de souligner la «passion et l'énergie» qu'il a déployées pour la ville qu'il dirigeait depuis 2001.
«Vous laissez monsieur Collomb [...] de nombreuses réalisations dont nous pouvons continuer à nous sentir fiers», a insisté l'élu EELV, soulignant que s'il quitte l'exécutif, l'élu de 73 ans pourra continuer de distiller expertise et «conseils» en siégeant comme conseiller municipal et métropolitain.
Encore inconnu du paysage politique lyonnais il y a six mois, Grégory Doucet est le premier écologiste à diriger cette ville de 500 000 habitants, une victoire sans précédent pour les Verts.
Sa liste d'union de la gauche a largement distancé Yann Cucherat, le poulain de Gérard Collomb qui bénéficiait du soutien de la droite, et le dissident LREM Georges Képénékian lors d'un second tour des municipales marqué par une abstention record (62%).
C'est un autre écologiste, Bruno Bernard, qui a été largement élu président de la puissante métropole le 2 juillet, donnant désormais toute latitude aux Verts pour conduire les affaires de l'agglomération.
«Nous n'héritons pas de Lyon, nous l'empruntons à nos enfants», a conclu Grégory Doucet, détournant les mots d'un illustre lyonnais, Antoine de Saint-Exupéry.