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Police : dissolution partielle de la CSI de Seine-Saint-Denis après une affaire de stupéfiants

Six policiers de Seine-Saint-Denis ont été placés en garde-à-vue, accusés de vol, séquestration et trafic de stupéfiants. A la suite de ces interpellations, le service va être presque entièrement dissous, en pleine grogne policière.

Alors que six policiers de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93) ont été arrêtés le 29 juin pour vol, séquestration et trafic de stupéfiants, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, avait annoncé vouloir engager une réflexion sur la réorganisation des unités de police de cette compagnie de sécurisation et d'intervention, finalement, le service sera presque totalement dissous «pour ce qui est des collègues en tenues du moins, sauf pour certaines spécialisations», a précisé une source policière à RT France. Et de compléter : «Ils ne vont garder que le service auto [enquête sur les trafics de véhicules] et les collègues en civil.»

Le Parisien précise que les six fonctionnaires de police avaient été arrêtés à leurs domiciles le 29 juin au matin, dans ce qui est qualifié par l'AFP comme «un coup de filet mené par l'IGPN». Selon les informations de BFMTV, ces policiers faisaient déjà l'objet d'une enquête depuis 2019 pour des motifs «de vol, séquestration, transport et usage de stupéfiants ainsi que de faux en écriture publique.»

Les policiers auraient été placés sur écoute puis les interpellations qui auraient dû se dérouler, selon cette même source, au printemps, ont dû être reportées à cause de la crise sanitaire.

D'autres affaires du même type vont-elles suivre ?

Plusieurs sources policières contactées par RT France à ce propos ont fait part de leur analyse concernant l'affaire. La première source, un policier francilien, a fait savoir que selon ses informations, l'affaire en question n'était que la première d'une série. Selon les dernières informations du Parisien, notamment, des dizaines de policiers pourraient effectivement être inquiétés dans cette affaire. 

Interrogée sur la concomitance de la médiatisation de cette affaire avec le mouvement de colère policière que les autorités ont visiblement décidé de prendre en main au moyen d'une réunion entre la préfecture de police de Paris et des participants aux rassemblements policiers nocturnes, la source contactée a estimé très crédible la spéculation (évoquée par un autre fonctionnaire de police) selon laquelle la pression médiatique exercée serait opportune pour les autorités, vis-à-vis de la grogne des gardiens de la paix.

L'autre source policière contactée, dans les rangs des syndicats, a jugé que cette affaire n'était «pas étonnante» et a analysé : «De plus en plus de collègues n'arrivent plus à boucler les fins de mois. En gendarmerie, ils n'ont pas autant de problèmes sur ce plan : ils sont logés en caserne et peuvent faire de l'épargne par exemple. Donc on voit moins d'affaires de ce type en gendarmerie.»

80 policiers déplacés et «l'opprobre jeté sur toute la profession»

Un proche de la CSI93 commente : «On va avoir 80 collègues impactés, probablement avec des déplacements d'office. Les collègues du 93 disent qu'ils ne comprennent pas et ils estiment que l'affaire est montée en épingle... De fait, on ne peut que s'étonner de la célérité à laquelle va l'enquête, sans parler des éléments dont disposent les médias en seulement deux jours...»

Et de déplorer : «Le pire pour nous, c'est qu'une fois encore, l'affaire renforce la fameuse notion de "soupçons avérés" pour reprendre les termes du ministre. Mais du coup, on est passés de la présomption d'innocence à la présomption de culpabilité. Tout le monde est bien d'accord : il faut virer les pourris, mais quelle façon de gérer le dossier... cela relève de la violation du secret de l'instruction. Sans parler de la culpabilité que vont devoir porter tous les collègues de la compagnie dont certains n'y sont sûrement pour rien... En fait, cela donne l'impression que la préfecture de police sauve ses miches en dynamitant la CSI93.»

Le préfet de police de Paris a par ailleurs demandé à la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (Dspap) de proposer une réorganisation des CSI sur Paris et la petite couronne.

Le policier interrogé souligne également : «Derrière ces dérives, il faut aussi rappeler qu'il y a la politique du chiffre qui peut pousser certains flics à faire du quantitatif plutôt que du qualitatif... et donc en usant de méthodes pas tout à fait propres. Mais encore une fois, c'est l'opprobre qui est jeté sur toute la profession et on peut estimer sans trop se mouiller que la conjoncture est malheureuse, par rapport aux rassemblements de policiers en colère qui n'ont pas plu du tout en haut lieu !»

Antoine Boitel