Selon France Bleu, les élus régionaux du Grand-Est se sont vus présenter un rapport sur le changement de nom du lycée polyvalent Colbert-Sophie Germain de Thionville (Moselle) en Rosa Parks, du nom de la militante afro-américaine née en 1913 et décédée en 2005, figure de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.
La résolution a provoqué la colère du RN, notamment la candidate à la mairie de Metz Françoise Grolet qui s'est indignée qu'on remplace le nom de «la grande scientifique des Lumières Sophie Germain», par celui d'«une activiste américaine». L'eurodéputée RN et élue au Conseil régional a déclaré de son côté que les élus de son parti avaient «bien sûr» voté contre la proposition.
Ce changement de nom intervient alors qu'un certain nombre de personnages historiques, dont Colbert, font l'objet de contestation sur les hommages qui leur sont rendus par la République en raison de leur racisme supposé ou de leur rôle dans la colonisation ou l'esclavage. De son côté, la région Grand Est, dominée par Les Républicains, a déclaré dans un communiqué que ce choix était antérieur à la polémique en cours et résultait d'une proposition des élèves eux-mêmes.
«La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire, elle n'oubliera aucune des ses œuvres, elle ne déboulonnera pas de statues. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre histoire, toutes nos mémoires», a déclaré de son côté Emmanuel Macron lors de son allocution du 14 juin dernier, coupant cours au débat naissant en France dans le sillage du mouvement de réaction à la mort de George Floyd, marqué par des destructions de monuments en marge des manifestations.
Néanmoins, dès le lendemain, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait estimé que certains personnages historiques «n'ont plus leur place autre part que dans les livres d'histoire», et ouvert la porte à une «discussion historiographique» sur certains d'entre eux.
Le lycée polyvalent Colbert-Sophie Germain de Thionville n'est pas le premier établissement français à se voir rebaptiser en l'honneur de la militante afro-américaine. Ce fut notamment le cas en 2017 du lycée Kastler-Guitton, à La Roche-sur-Yon, renommé Rosa Parks après un vote des élèves qui avaient pour contrainte de choisir le nom d'une femme car ces dernières étaient «sous représentées dans l’académie».