L'Espagne a exprimé son inquiétude et son émotion après une série d'actes de vandalisme, par des manifestants aux Etats-Unis, contre des monuments à la mémoire du saint catholique Junipero Serra et de l'écrivain Miguel de Cervantes, l'auteur de Don Quichotte, reconnu comme le premier roman moderne de l'histoire de la littérature.
«Nous regrettons profondément la destruction de la statue de Saint Junípero Serra à San Francisco (Californie) aujourd'hui et souhaitons rappeler ses grands efforts en faveur des communautés autochtones», a notamment tweeté l'ambassade d'Espagne aux Etats-Unis.
Deux statues du missionnaire espagnol du XVIIIe siècle, canonisé par le pape François en 2015, ont été vandalisées en Californie durant le week-end, selon la police. Plusieurs pierres tombales du cimetière où il est enterré à Carmel-by-the-sea, sur la côte au sud de San Francisco, ont par ailleurs été abîmées. Des vandales s'en sont également pris aux portes de la basilique de la Mission San Carlos Borromeo (classée monument historique) et à un mausolée, rapporte l'AFP.
La mémoire de l'évangéliste est controversée : il lui est reproché d'avoir contribué à la destruction des cultures autochtones. «Les statues ou signes de Serra ou d'autres descendants d'Européens ont été particulièrement visés», a déclaré le porte-parole de la police locale, qui a assuré que ses services menaient une enquête pour «crime motivé par la haine».
L'ambassade d'Espagne a par ailleurs critiqué la dégradation d'une statue de Miguel de Cervantes (1547-1616), taguée à San Francisco. L'organe consulaire a rappelé que l'écrivain avait lui-même été «esclave à Alger pendant cinq ans» et que son œuvre était un «appel à la liberté et l'égalité».
«La défense de l'héritage espagnol aux Etats-Unis est une priorité de notre politique étrangère dans ce pays, et nous continuerons à le faire en intensifiant nos efforts éducatifs afin que la réalité de notre histoire commune soit mieux connue et comprise», a par ailleurs écrit l'ambassade espagnole, qui a demandé aux autorités de faire le nécessaire pour protéger leur patrimoine commun «toujours avec le plus grand respect pour les débats en cours».
«Nous vaincrons la barbarie», assure le chef de Vox
Moins diplomate, le chef du parti espagnol de droite nationaliste Vox, Santiago Abascal, a laissé éclater sa colère dans un tweet au vitriol : il dénonce une destruction des «symboles de la civilisation» par des «foules avilies», animées par des «millionnaires progressistes» et des «analphabètes».
«Nous vaincrons la barbarie», a-t-il assuré plus loin.