France

Lille : des activistes manifestent pour le retrait de la statue du général Louis Faidherbe

«Faidherbe doit tomber !» : entre 200 et 300 personnes ont manifesté à Lille devant la statue du général Faidherbe pour réclamer le «retrait», de cette figure qu'ils jugent «violent et raciste». Les forces de l'ordre les en ont empêchés.

«Décolonisons, l'histoire et la mémoire !», ont scandé les manifestants «décoloniaux», rassemblés à Lille (Nord), le 20 juin à partir de 13h, face à l'imposante statue équestre érigée près de la préfecture, à l'entrée de l'une des principales artères du centre-ville, représentant l'une des figures du XIXe siècle, Louis Faidherbe. 

«Qui veut (encore) célébrer le colonialisme ? 200 ans ça suffit !», clamait une banderole installée par ce collectif, né en 2018 au moment du bicentenaire de la naissance du général et de l'homme politique situé dans le camp des Républicains (groupe situé à gauche de l'échiquier politique de l'époque). Des représentants de l'association Survie, du FUIQP (Front uni des immigrations et des quartiers populaires), des collectifs Afrique et de défense des sans-papiers, ou de l'Atelier d'histoire critique, étaient présents.

«Partout dans le monde, depuis la mort de George Floyd et dans le contexte du mouvement #BlackLivesMatter, des statues d'esclavagistes, de colonialistes et de suprémacistes blancs sont tombées. [...] Nous aussi, nous avons notre statue de colon à déboulonner !», plaide le collectif sur les réseaux sociaux.

Pour ses défenseurs, Louis Faidherbe (1818-1889), né à Lille et qui a fini sa carrière comme sénateur et député du Nord, est aussi une figure militaire qui avait préservé la région de l'invasion prussienne en 1870. Mais «il a aussi colonisé le Sénégal dans des conditions extrêmement violentes, en se targuant de brûler des villages, et a développé toutes sortes de théories racistes», a jugé auprès de l'AFP Jean-François Rabot, membre de l'association Survie. «On ne compte pas la retirer de force. On aimerait que la mairie, au minimum, appose une plaque explicative, et dans l'idéal qu'elle la retire pour la placer dans un musée», a encore expliqué Jean-François Rabot.

«On ne cherche pas à effacer, mais au contraire à redonner une histoire à ce personnage dont plus personne ici ne se demande qui il est», a aussi déclaré l'historien et représentant du collectif Thomas Deltombe. L'essayiste défend l'idée d'un «retournement du symbole». «On nous a par exemple proposé de le végétaliser, pour en faire un monument "fait d'herbe"», a-t-il souri.

Une quinzaine de militants identitaires, sont venus défendre la statue. Quelques tensions ont éclaté entre les deux camps, sans mettre fin à la manifestation.

Derrière les identitaires, les forces de l'ordre étaient également présentes pour éviter tout débordement.

Selon un journaliste sur place, au moins une personne aurait été arrêtée.

A des milliers de kilomètres, à Saint-Louis au Sénégal, la statue de Faidherbe – déplacée début janvier pour rénover la place de même nom – fait également débat. Un candidat déclaré à la mairie, l'ancien ministre Mary Teuw Niane, a par exemple affirmé sur Twitter qu'il la retirerait s'il est élu.