France

Nouveaux rassemblements nocturnes : les policiers attendent toujours des «actes forts» de l'exécutif

L'annonce par les autorités du maintien de la clé «d'étranglement» jusqu'à ce qu'une autre technique d'interpellation soit définie n'a pas dissuadé des centaines de policiers de manifester une nouvelle fois leur colère dans la nuit du 15 au 16 juin.

Le 15 juin, le chef de la police nationale Frédéric Veaux faisait savoir que la clé «d'étranglement», dont l'abandon avait été annoncé le 8 juin par Christophe Castaner, «continuera[it] d'être mise en œuvre» jusqu'à ce qu'une autre technique d'interpellation soit définie. Une décision qui n'a visiblement pas suffi à convaincre tous les policiers en colère, qui ont de nouveau manifesté dans plusieurs villes, dans la nuit du 15 au 16 juin.

Ces fonctionnaires réclament des «actes forts» et de la reconnaissance de la part de l'exécutif, s'estimant lâchés par celui-ci dans le contexte d'accusations de racisme et de violence dans la sillon de la mort de George Floyd aux Etats-Unis, et ce après avoir été extrêmement sollicités pendant de longs mois de crise des Gilets jaunes.

Après l'Arc de Triomphe le soir du 14 juin et le Trocadéro la nuit du 15, quelques 200 policiers affectés à des patrouilles de nuit se sont rassemblés en tenue vers 23h30 au pied de la Grande Arche, avec leurs voitures et motos garées sur le parvis de La Défense, gyrophares allumés.

Les membres des forces l'ordre ont jeté leurs menottes sur les marches de l'Arche, acte symbolique désormais coutumier, et ont entonné une Marseillaise.

«On ne demande pas de pognon, on veut de la reconnaissance. On est les grands oubliés, on est l'éponge du gouvernement pour absorber tous les maux de la société», a expliqué à l'AFP Emmanuel Quemener, secrétaire régional d Alliance pour les Hauts-de-Seine. 

Au micro de RT France, Mickael Dequin, secrétaire départemental adjoint d'Unité SGP Police, a réagi en ces termes à l'annonce du maintien temporaire de la clé d'«étranglement» : «Quelle solution alternative on va nous proposer ? On ne peut pas rester dans le flou [...] On ne peut pas travailler avec des instructions qui sont données le lundi et qui changent le jeudi [...] On a besoin de stabilité.»

A Lille, selon l'AFP, entre 150 et 200 policiers se sont également réunis sur la place de la République, devant la préfecture du Nord. Ils ont allumé les gyrophares bleus et fait hurler les sirènes de leurs véhicules, avant d'applaudir leurs camarades morts en service. Ils se sont ensuite dirigés vers les grilles de la préfecture et y ont brièvement accroché leurs menottes en guise de protestation, selon l'agence.

A Nancy également, 200 à 250 policiers se sont réunis devant l'hôtel de police, ont jeté leur brassard et leurs menottes au sol et «respecté une minute de silence en hommage aux policiers morts pour le pays», a expliqué à l'AFP David Ghisleri, délégué syndical Alliance pour la Lorraine.

Enfin, des mobilisations de policier ont été observés par l'agence ont eu lieu en banlieue parisienne, devant la préfecture du Val-de-Marneà Créteil, devant le commissariat de Saint-Denis, à Saint-Ouen, à Gagny et à Noisy-Le-Grand.

Les rassemblements policiers continuent alors même qu'Emmanuel Macron a fini par évoquer les forces de l'ordre dans son discours du 14 juin. Le président de la République a ainsi invoqué des valeurs républicaines et patriotiques et assuré que les membres des forces de sécurité «mérit[aient] le soutien de la puissance publique» : «Sans ordre républicain, il n'y a ni sécurité ni liberté [...] cet ordre, ce sont les policiers et gendarmes sur notre sol qui l'assurent [...]. Ils sont exposés à des risques quotidiens en notre nom.» Par la suite, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait déclaré : «Par la voix d'Emmanuel Macron, c'est toute la nation qui rend hommage à leur dévouement. Gratitude et confiance aux forces de l'ordre.»

 Cette troisième nuit de manifestations nocturnes consécutive intervient à la suite d'actions exécutées dans les commissariats au cours de la semaine précédente et d'une marche intersyndicale très médiatique de la place de l'Etoile à l'hôtel de Beauvau, où se trouve le ministère de l'Intérieur, le 12 juin.